Une mosquée prise pour cible à cause d’une fausse nouvelle
La mosquée Ahl-ill Bait du quartier Côtedes-Neiges à Montréal se retrouve au coeur d'une controverse pour des gestes qu'elle nie vigoureusement avoir posés et tout indique que les informations qui sont à l'origine de la controverse en question n'étaient p
Une véritable tempête a malgré tout été déclenchée sur les réseaux sociaux à la suite de la diffusion, mardi, d'un reportage du réseau TVA qui affirmait que les dirigeants de la mosquée avaient demandé à un entrepreneur qu'il n'y ait aucune femme présente sur un chantier qui se trouve devant la mosquée, lors de la prière du vendredi.
Le reportage indique que le contrat stipule que le constructeur ne doit pas faire de bruit le vendredi et ajoute que l'entrepreneur affirme pouvoir faire la preuve que la mosquée a réclamé que les femmes ne soient pas visibles les vendredis sur les chantiers.
Les représentants de la mosquée affirment n'avoir jamais fait une telle demande.
«Nous avions effectivement demandé l'accès au stationnement, sur l'heure du midi les vendredis, mais n'avons jamais demandé l'exclusion de personne. Cette requête, si elle existe, ne provient pas de notre organisation» a déclaré le vice-président de la mosquée, Moayed Altalibi, par voie de communiqué.
La Commission des services électriques de Montréal, qui a donné le contrat en question à l'entreprise G-TEK, de Laval, a confirmé à La Presse canadienne que la seule provision particulière au contrat est celle de laisser l'accès au stationnement de la mosquée pour la prière du vendredi midi.
«Une clause comme ça (qui interdirait la présence de femmes) serait illégale en plus d'être discriminatoire, a fait valoir le président de la Commission, Serge Boileau. L'ironie, c'est que les personnes qui ont travaillé sur ce contrat sont toutes des femmes ou presque.»
L'entreprise G-TEK n'a pas répondu à la demande d'entrevue de La Presse canadienne, mais Serge Boileau a confirmé l'avoir joint, sans obtenir d'éclaircissements, toutefois.
«On se demande d'où vient cette information qui semble erronée en grande partie, comment elle a pu être diffusée. Je n'ai pas eu la réponse encore», a-t-il dit.
Le reportage faisait aussi état de femmes intimidées sur le chantier, mais M. Boileau a précisé que non seulement le contrat avait été préparé en collaboration avec la mosquée par une équipe composée presque exclusivement de femmes ingénieures, mais que la surveillance du chantier avait été confiée à une femme qui est sur place depuis le début et que celle-ci «n'a jamais été importunée de quelque façon que ce soit.»
Un porte-parole de la mosquée, Me William Korbatly, a confié à La Presse canadienne que le reportage a eu un impact immédiat et pénible.
«Les médias sociaux se sont enflammés: la mosquée a reçu des messages de haine, même des menaces de mort, de brûler le centre», at-il dit.
Les policiers montréalais ont été mis au fait de ces menaces et enquêtent présentement, en plus d'avoir institué des patrouilles additionnelles.
Le vice-président Altalibi, pour sa part, estime que de tels reportages «alimentent le cynisme et portent préjudice à toutes les communautés. Ce type de fausses nouvelles contribue à l'effritement social entre les Québécoises et Québécois de confessions musulmanes et non-musulmane», a-t-il déploré, ajoutant que de demander l'exclusion des femmes est «en contradiction avec les valeurs de respect et d'appréciation des femmes dans la Mosquée et sur leur lieu de travail».
Des groupes identitaires proches de l'extrême droite, dont la Meute, promettent même d'aller manifester devant la mosquée vendredi. La Meute a d'ailleurs lancé une invitation à cet effet sur les réseaux sociaux.
«Nous devons faire comprendre à ces gens qu'ici, c'est le Québec et que les femmes ont les mêmes droits que les hommes», peut-on lire sur une publication de l'organisation sur les réseaux sociaux.