L’U de M souhaite éradiquer la culture du viol sur ses campus
L’Université de Moncton a maintenant sa Politique sur la violence à caractère sexuel. L’institution acadienne espère «éradiquer» la culture du viol, si elle existe sur ses campus, et créer un environnement sécuritaire et sain pour la communauté universitaire et le public en général.
Le vice-recteur à l’administration et aux ressources humaines de l’Université de Moncton, Edgard Robichaud, soutient que l’institution travaillait à l’élaboration de cette politique avant même le cas de vengeance pornographique qui a secoué l’établissement d’enseignement supérieur en février.
Lors de cette crise, une étudiante avait été la cible d’une campagne de salissage par pourriels qui ont contaminé des milliers de boîtes de réception de la communauté universitaire.
Des cas d’inconduites sexuelles dans d’autres universités canadiennes et des scandales, comme celui de l’école de dentisterie de l’Université de Dalhousie, il y a plus de deux ans, ont pressé l’Université de Moncton à agir.
«On n’était pas sans voir ce qui se passait au niveau national et même international au cours des dernières années. [...] On parle des cas qui ont été beaucoup médiatisés à UBC, à Laval et à Dalhousie. On était bien conscientisés de cette problématique-là, bien avant la situation des courriels (à Moncton)», a expliqué à l’Acadie Nouvelle M. Robichaud.
Quelques semaines avant Noël, il y a un an presque jour pour jour, l’administration avait décidé de mettre sur pied un groupe de travail pour développer cette politique. Les discussions qui ont mené à la création du groupe avaient commencé quelques mois plus tôt.
La politique a été adoptée par le Conseil des gouverneurs de l’institution acadienne samedi.
La prochaine étape est de publiciser le document de 19 pages. Le document prévoit aussi l’embauche d’une personne qui sera responsable de l’appliquer et la formation d’un groupe de travail sur la culture du consentement.
«Dès les prochains jours, la première chose sera de diffuser largement la politique, mais une première étape, la clé dans le développement, sera de mettre en place le service d’intervention. Ça implique, au campus de Moncton en particulier, l’embauche d’une personne. On travaille déjà à réfléchir au profil de la personne qu’on cherche pour ce poste de personne intervenante».
Cette personne, qui aura le titre de commissaire, pourrait être sélectionnée dès la fin janvier. Son travail ne se limitera pas qu’à faire circuler des dépliants. Elle devra développer des partenariats avec des organismes de la communauté et elle sera appuyée par le groupe de travail.
«Il y a déjà des organismes dans la communauté qui travaillent avec des victimes de violence à caractère sexuel et qui ont des expériences que nous n’avons peut-être pas encore».
Le commissaire sera aussi responsable du traitement des plaintes et relèvera du conseil des gouverneurs. Le groupe de travail sera composé de membres des services et associations des trois campus. Il devra s’assurer que tous les acteurs collaborent pour sensibiliser la population académique à la problématique de la violence à caractère sexuel et à l’utilisation des meilleures pratiques.
Avec cette politique, l’université s’engage concrètement, entre autres, à combattre et à prévenir la violence à caractère sexuel, contribuer à une culture de consentement et à lutter contre la culture du viol.
«Je ne pense pas que le phénomène de la culture du viol est quelque chose d’exclusif à l’Université de Moncton ou d’un autre organisme en particulier. Je pense que souvent, dans la société d’aujourd’hui, pour toutes sortes de raisons nous sommes peut-être arrivés à des manques de sensibilité ou des manques de formation. Je pense que c’est un travail de sensibilisation qui doit être fait, mais je ne suis pas expert dans ce domaine-là et c’est pourquoi nous allons embaucher des gens», a expliqué M. Robichaud.
La Politique sur la violence à caractère sexuel est aussi accompagnée d’un code de conduite des membres de la communauté universitaire qui détermine les responsabilités de ses membres en milieu de travail et établit les recours possibles en cas de plainte.
Les deux documents qui précisent la volonté à l’institution de lutter contre la violence à caractère sexuel sont disponibles sur le site web de l’Université de Moncton.