Acadie Nouvelle

Noël à Jérusalem

C’est fait: le président américain a reconnu officielle­ment Jérusalem comme la capitale de l’État d’Israël. Et il a annoncé le transfert éventuel de son ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem. Il n’en fallait pas plus pour raviver les tensions dans cette régio

- scomo@nbnet.nb.ca

Les Israéliens (majoritair­ement des Juifs) se réjouissen­t de cette proclamati­on. Ils voudraient que la communauté internatio­nale en fasse autant. Or, pour des raisons stratégiqu­es, c’est à Tel-Aviv que les ambassades se trouvent. Les Arabes décrient cette reconnaiss­ance puisqu’ils réclament Jérusalem-Est comme leur part de cette ville sainte!

Les trois grandes religions monothéist­es ont des racines profondes dans cette ville. Cela s’exprime dans le paysage quotidien. Les Juifs vont prier au mur des Lamentatio­ns, les musulmans sur l’esplanade des mosquées et les chrétiens au saint Sépulcre.

Les Juifs ont assurément l’ancienneté sur cette ville. Les événements fondateurs du judaïsme se sont déroulés dans cette ville. Pour eux, il s’agit de leur ville sainte. C’est là que Abraham mena son fils (Isaac selon les chrétiens et Ismaël selon les musulmans) pour l’immoler. Autour de l’an 1000 avant Jésus-Christ, David choisit cette ville pour en faire la capitale de son royaume. C’est pourquoi le président Netanyahou affirme qu’elle est la capitale d’Israël depuis plus de 3000 ans.

Salomon y construisi­t le temple pour abriter l’arche d’alliance et Nabuchodon­osor le reconstrui­sit après l’exil. Détruit en 70, certains rêvent du jour où ils pourront reconstrui­re le temple. Il ne reste que le mur occidental (appelé mur des Lamentatio­ns). Ce jour de reconstruc­tion n’est pas pour bientôt parce que de l’autre côté du mur se trouvent des lieux saints pour l’islam que les musulmans conservent jalousemen­t.

Les musulmans revendique­nt aussi un statut particulie­r pour Jérusalem. Du haut des minarets de nombreuses mosquées, l’appel à la prière se fait entendre cinq fois par jour. Cet appel fréquent résonne si fort qu’on se croirait dans une ville musulmane. Les fidèles de cette religion ont donné à la ville une couleur qui leur est propre.

À Jérusalem-Est, ils ont construit la mosquée Al-Aqsa pour commémorer l’Isrâ, le voyage nocturne du prophète Mahomet de La Mecque à Jérusalem. En face de cette mosquée se trouve l’édifice emblématiq­ue de Jérusalem: le dôme du Rocher. Selon la tradition, c’est sur ce mont Moriah que Abraham serait monté pour immoler son fils. C’est aussi à partir de ce lieu que le fondateur de l’islam serait monté aux cieux. La place des mosquées qui entoure ces deux lieux saints peut accueillir des centaines de milliers de fidèles.

Jérusalem, c’est aussi une ville sainte pour les chrétiens. Non parce que Jésus y est né: il est né dans la ville voisine de Bethléem. Plutôt parce que dans cette ville, Jésus a vécu les moments importants de sa vie. Comme tout bon Juif, il est souvent allé au temple pour les fêtes de pèlerinage, notamment celle de pâque. C’est dans les rues de cette ville qu’il a marché son chemin de croix. C’est là qu’il est mort et qu’il a été enseveli.

Les chrétiens ont édifié des églises pour en faire des lieux de mémoire des événements de la vie du Nazaréen. L’histoire des croisades montre jusqu’où ils sont prêts à aller pour conserver la garde de ces lieux saints.

Les trois religions monothéist­es, qui prônent toutes l’amour du prochain, n’arrivent pas toujours à s’entendre sur le partage du territoire pour que chacun puisse pratiquer librement son culte. Ces difficulté­s sont souvent exacerbées par la dimension politique des lieux parce qu’au jour le jour, il y a coexistenc­e pacifique entre les leaders religieux.

Dans la nuit de Noël, à Jérusalem, des gens vont prier chacun de leur côté: les Juifs au mur du temple, les musulmans dans les mosquées et les chrétiens dans les églises. Tous prient leur Dieu, ne sachant peut-être pas qu’ils sont tournés vers la même source. Ah! Si toutes ces mains pouvaient se tendre ensemble pour s’éprendre d’amour.

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Le mur des Lamentatio­ns et le dôme du Rocher, à Jérusalem. – Gracieuset­é
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