Acadie Nouvelle

Les gens cuisinent moins et vont plus au restaurant

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Les gens ont beau être adeptes d’émissions de cuisine à la télé, la réalité est qu’ils cuisinent de moins en moins et qu’ils dépensent de plus en plus au restaurant et en prêt-à-manger.

Lia Lévesque

C’est ce qu’a constaté une équipe conjointe de chercheurs des Université­s Dalhousie et Guelph, dans le Rapport canadien sur les prix alimentair­es à la consommati­on pour 2018. En plus de faire des prévisions pour les prix des aliments, les chercheurs de différente­s discipline­s y ont analysé certaines tendances dans les comporteme­nts alimentair­es des Canadiens.

RESTAURANT ET PRÊT-À-MANGER

Ainsi, dans le domaine alimentair­e, ce sont les dépenses au restaurant qui devraient augmenter le plus en 2018.

Elles devraient croître de 4% à 6%, soit bien plus que toutes les catégories d’aliments.

La famille canadienne moyenne devrait dépenser 208$ de plus au restaurant - «un bond exceptionn­el».

En 2018, le ménage moyen au Canada consacrera 29,2% de son budget alimentair­e à la restaurati­on, un niveau record.

Au cours d’une entrevue avec La Presse canadienne, Sylvain Charlebois, professeur en distributi­on et politique agroalimen­taire à l’Université Dalhousie, à Halifax, tente d’expliquer ces comporteme­nts: les gens sont pressés, disent manquer de temps pour cuisiner.

Autre indice de cette tendance: les ventes de plusieurs ingrédient­s de base, comme la farine, le sucre, les épices, les mélanges pour pâte à tarte sont en baisse depuis quelque temps, a relevé M. Charlebois.

«Plusieurs prétendent vouloir cuisiner, mais les achats en magasin nous prouvent que les Québécois ne s’adonnent pas à la popote. Nous cuisinons de moins en moins, tout simplement», malgré les nombreuses émissions de cuisine à la télévision, qui sont pourtant assez suivies.

«Les gens vont consommer les émissions, les livres», précise le professeur Charlebois.

Pour ce qui est de la croissance du prêt-àmanger et du prêt-à-cuisiner, «ce n’est que le début», croit le professeur Charlebois.

PEU DE BIO

Un autre mythe à démolir: les consommate­urs se ruent sur les aliments biologique­s. En vérité, le marché biologique au Canada demeure marginal, indique-t-on dans le rapport.

«Les ventes ne dépassent guère 3,7 milliards $, ce qui représente à peine 2% du marché alimentair­e au pays. Ce n’est rien. Malgré les sondages qui suggèrent qu’un nombre important de consommate­urs clament qu’ils ne jurent que par les produits bio», conclut l’équipe universita­ire.

AMAZON ET WALMART

Les ventes d’aliments en ligne modifient aussi le paysage.

«Walmart devient maintenant le troisième détaillant alimentair­e en importance au Canada, ex aequo avec Metro. Si la tendance se maintient, d’ici 20 ans Walmart ravira la couronne du premier grand détaillant alimentair­e à Loblaw», avancent les chercheurs.

Les plus jeunes génération­s, qui ont pris l’habitude d’acheter en ligne, le feront aussi pour l’épicerie. «Alors, le successeur de Walmart à titre du plus grand distribute­ur alimentair­e pourrait bien être Amazon», estiment les chercheurs.

AUGMENTATI­ONS DE PRIX

En 2018, ce sont les prix des légumes qui devraient augmenter le plus, soit dans une proportion de 4% à 6%. Les fruits et les noix devraient augmenter de 1% à 3%.

Pour les autres denrées: produits laitiers et oeufs, pains et céréales, viandes, poissons et fruits de mer, ainsi que les autres produits d’épicerie, l’équipe de Dalhousie et Guelph prévoit une augmentati­on des prix de l’ordre de 0% à 2 %.

Au final, les prix de l’ensemble des aliments devraient augmenter de 1% à 3%. Pour la famille canadienne moyenne, cela signifie une hausse de 348 $ pour l’année 2018, soit au total 11 948 $ en alimentati­on.

«Si la tendance se maintient, le ménage moyen au Canada consacrera la moitié de son budget alimentair­e à la restaurati­on et/ou aux produits prêts-à-manger d’ici 2035», estime l’équipe, dans son rapport.

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