PASSAGER INUSITÉ À CHARLO: UN REIN
La semaine dernière, la compagnie aérienne Évasion Air de Charlo a été appelée à transporter un passager pour le moins inusité: un rein.
L’appareil a décollé de Charlo en direction de Bagotville, au Saguenay, afin de prendre possession d’un précieux colis devant être livré à Halifax. C’était la première fois que les services de la compagnie restigouchoise étaient requis pour un transport médical qui n’impliquait pas directement un patient.
Si, pour certains, cela peut sembler anodin, ce ne l’était certes pas pour l’équipe de la petite compagnie de Charlo.
«Ce n’était certainement pas anodin pour celui qui attendait impatiemment cet organe pour une greffe», exprime M. Nadeau, espérant que le receveur de l’organe passera maintenant un temps des Fêtes plus agréable.
Côté technique, il soutient que cela exige beaucoup d’organisation et de coordination. À titre d’exemple, l’organe a été prélevé quelques instants seulement avant son embarquement.
Pilote depuis des années, M. Nadeau a lui-même eu l’occasion d’effectuer plusieurs transports médicaux. Il n’en est pas à sa première urgence.
«Outre les cas médicaux, j’ai dû aller chercher à quelques reprises des pièces rares pour des usines arrêtées complètement en raison d’un bris. On parle alors de beaucoup d’argent en perte de productivité, le temps est compté et il faut faire vite. Mais dans le cas d’un organe, comme c’est le cas ici, à mes yeux, c’est encore plus précieux, car ce sentiment d’urgence à livrer le paquet le plus rapidement est motivé par le fait d’aider une personne en attente d’une meilleure qualité de vie. Et c’est extraordinaire de savoir qu’on a contribué à cela», indique M. Nadeau.
DU CHEMIN À FAIRE
Cette anecdote survient par ailleurs pratiquement au même moment où l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) dévoile les dernières statistiques sur le don d’organe au pays, statistiques compilées à partir des données reçues de la Société canadienne du sang
Le constat: 2835 transplantations ont eu lieu au Canada en 2016. Ces transplantations proviennent plus précisément de 544 donneurs vivants et 758 donneurs décédés. Fait à noter d’ailleurs, le nombre de dons d’organes après décès a augmenté de 42% ces dix dernières années.
Si ces chiffres sont positifs, il faut néanmoins mettre en perspective qu’au même moment l’an dernier, la liste d’attente pour une transplantation d’organes était composée de 3421 personnes, dont près de 300 en Atlantique. De ce nombre, 260 patients sont décédés (sur la scène nationale).
À noter que chaque donneur décédé peut fournir jusqu’à huit organes.
«Nous travaillons de concert avec d’autres transporteurs et il s’avère que nous étions disponibles pour ce travail. C’est une tâche importante où le temps compte énormément», explique le directeur d’Évasion Air, Clément Nadeau, qui a nolisé un de ses pilotes sur ce boulot.