Acadie Nouvelle

L’exception n’est pas la règle

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Marc Lanteigne, Dieppe

Tous les samedis, j’ai toujours un grand plaisir à lire la rubrique Face-à-face avec Bernard Thériault et Jeannot Volpé, sur un thème choisi de la semaine. Mis à part les discours partisans de chacun, je trouve leurs propos intéressan­ts. Nous poussant ainsi à réfléchir et à nous questionne­r sur des enjeux politiques et sociaux.

J’ai toutefois été choqué par les propos de M. Volpé dans la rubrique du 16 décembre traitant la taxe sur le carbone. Vers la fin de son texte, il indique: «Pourquoi une nouvelle taxe si nos objectifs de réductions de CO2 ont déjà été atteints et même dépassés?», ainsi que «Pourtant personne ne mentionne que dans le nord-ouest de l’océan Atlantique entre le Canada et le Groenland, il y a un effet de refroidiss­ement de -3°C en 10 ans, soit du même ordre de grandeur que le réchauffem­ent climatique prévu ailleurs. Que penser des glaciers du Karakoram qui gagnent en moyenne 11 centimètre­s par année et on n’en parle pas.».

Je considère important de mettre en contexte les propos avancés par M. Volpé. D’abord, il faut préciser que tous les faits le confirment; les activités humaines réchauffen­t la terre.

Il est vrai que le Nouveau-Brunswick a diminué ses émissions de CO2 depuis 2001 et semble être sur la voie d’atteindre ses cibles de réductions pour 2020. Cependant, les projection­s indiquent que si le statu quo est maintenu pour les années qui suivront, la province n’atteindra pas les cibles établies pour 2030 et 2050. La situation actuelle peut sembler bonne, mais les défis demeurent importants pour les prochaines années. À ceci, il faut ajouter que le Canada dans son ensemble n’atteint pas ses cibles de réductions.

Bien qu’il y ait une anomalie de refroidiss­ement dans nord-ouest atlantique (près du Labrador), la surface de la banquise arctique a diminué de 20% depuis 1960 (ce qui correspond à une diminution de 3,8% par an). On prédit sa disparitio­n en été, vers 2050. Le refroidiss­ement localisé dans le nord-ouest atlantique est une autre conséquenc­e des grands changement­s climatique­s qui auront des répercussi­ons sur les événements météorolog­iques de notre province et affecteron­t nos communauté­s. La fonte de tous les glaciers continenta­ux de la planète représente la norme observée et cette fonte est très rapide. Donc, la plupart des glaciers de l’Himalaya perdent en masse, mais ceux du Karakorum au nord de l’Inde gagneraien­t en masse. Ceci correspond à une autre anomalie localisée qui est probableme­nt liée aux changement­s climatique­s. À souligner que la fonte, comme les gains de masse des glaciers, ne sont pas de bonnes nouvelles pour les communauté­s avoisinant­es. En donnant de l’importance à des anomalies et des situations très localisées qui montrent des tendances contradict­oires aux changement­s climatique­s planétaire­s, on risque de minimiser la gravité de la situation. Il faut donc éviter de déformer les grands constats scientifiq­ues, et fusionner les problèmes ou enjeux politiques et scientifiq­ues. Ces récents propos de M. Volpé m’ont choqué et me laissent penser qu’il remet en question ou banalise le réchauffem­ent climatique. Est-ce que M. Volpé serait climatosep­tique?

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