Acadie Nouvelle

Il y a 50 ans naissait la nation franco-ontarienne

- Gilles LeVasseur Avocat et professeur à l’Université d’Ottawa

Il y a de cela 50 ans naissait la nation francophon­e hors Québec fondée sur les conclusion­s des États généraux du Canada français à partir d’assises tenues à Montréal. Ces assemblées sont organisées par la Ligue d’action nationale et la Fédération des Sociétés SaintJean-Baptiste du Québec afin de consulter les Canadiens-français sur leur avenir constituti­onnel. Elles aboutiront au divorce entre les souveraini­stes québécois et les minorités francophon­es du Canada.

Par suite des résolution­s des assises, le Québec abandonne les minorités francophon­es à leur sort au profit d’un Québec autonome et souverain. Ceci est le début de la mort du concept de «Canadien-français» pour devenir en Ontario des FrancoOnta­riens. La solidarité du peuple Canadienfr­ançais éclate au grand jour obligeant les francophon­es du pays à se redéfinir. La vision culturelle du Canada français dont le Québec était le foyer disparaît causant un choc identitair­e profond. La protection culturelle d’être un Canadien-français permettait aux minorités francophon­es de trouver un espoir et un appui auprès des Québécois.

Le président des assises, Jacques-Yvan Morin, explique la position des Québécois qui est celle de sacrifier le tronc aux branches. Selon ce dernier et la très grande majorité des Québécois présents aux États généraux, comme les Canadiens-français sont menacés par l’assimilati­on, la priorité doit être de sauver l’essentiel qui se trouve au Québec au détriment des «avant-postes» francophon­es au Canada.

Les francophon­es hors Québec se sont pris en main, au départ avec difficulté et incertitud­es. Ils ne pouvaient plus s’appuyer sur le Québec, en particulie­r dans les années 1970 et 1980. Cette absence de relations continue avec le Québec a obligé les francophon­es de l’Ontario à se retourner vers le gouverneme­nt de l’Ontario et surtout auprès du gouverneme­nt du Canada. Le Québec a laissé tomber son leadership auprès de la francophon­ie canadienne pour se concentrer uniquement sur le territoire québécois.

Les francophon­es à l’extérieur du Québec ont compris le besoin de développer leur propre identité et culture au point où il existe une méconnaiss­ance du Québec d’aujourd’hui chez les francophon­es du Canada. On partage de moins en moins la culture québécoise et ceci est une perte pour tous. Le foyer démographi­que de la langue française au Canada a perdu sa place auprès des francophon­es et ceci a un impact économique considérab­le. Les francophon­es se rabattent sur leur province, celles voisines et ils ont perdu le réflexe de savoir ce que peut offrir le Québec ou tout simplement, ce que veut ou a besoin le Québec.

On ne peut retourner en arrière et reprendre l’idéal du concept de Canadienfr­ançais mais on peut trouver un nouvel arrangemen­t identitair­e rattaché au développem­ent et à l’épanouisse­ment de la langue française au Canada. Le Québec a autant à gagner, car ceci facilite souvent les relations économique­s entre les provinces et territoire­s canadiens.

Aujourd’hui, le Québec et les francophon­es du Canada doivent continuer à développer des projets de collaborat­ion afin de solidifier leurs relations, mais aussi d’assumer un plus grand leadership au sein de la francophon­ie canadienne. Ceci ne veut pas dire un retrait des gouverneme­nts du Canada et des provinces par exemple auprès des francophon­es canadiens. Au contraire, il faut accentuer les outils de relations entre le Québec, les autres gouverneme­nts au Canada et les communauté­s francophon­es du Canada.

Ne pas agir est de continuer notre isolement comme francophon­es en départagea­nt le Québec du restant des francophon­es du Canada. On n’invite pratiqueme­nt plus le Québec sauf pour des fins protocolai­res aux activités des francophon­es du Canada. Ceci est une perte pour tous et nous avons tous le devoir de corriger ceci. – Francopres­se

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