Acadie Nouvelle

Une Catalogne plus divisée que jamais

Les élections en Catalogne ne sont pas arrivées à clarifier l’avenir immédiat de la région, mettant en lumière une profonde division entre ceux qui appuient l’indépendan­ce et ceux qui s’y opposent.

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Le gouverneme­nt espagnol avait déclenché l’élection après que les partis séparatist­es catalans eurent unilatéral­ement déclaré l’indépendan­ce en octobre, à la suite d’un référendum déclaré illégal par les autorités espagnoles.

Le gouverneme­nt espagnol avait destitué le gouverneme­nt régional, arrêté certains de ses leaders et dissous le parlement catalan.

Regard sur les résultats de jeudi:

QUI A GAGNÉ?

Le parti unioniste Ciutadans («citoyens»), dirigé par l’avocate de 36 ans Ines Arrimadas, a récolté le plus grand nombre de votes et obtenu son plus grand triomphe électoral depuis sa fondation il y a un peu plus de 10 ans.

Le parti représenta­it la principale opposition au mouvement pro-indépendan­ce en Catalogne.

Ce fut toutefois une victoire douceamère pour le parti puisque ses 37 sièges dans l’assemblée de 135 sièges ne sont pas suffisants pour pouvoir former seul le gouverneme­nt régional.

Les véritables gagnants sont donc les partis indépendan­tistes qui, réunis, sont majoritair­es dans le nouveau parlement catalan.

Bien qu’ils aient la possibilit­é de contrôler l’Assemblée législativ­e, ils ont obtenu moins de la moitié des votes, soit 48% du total. Cette source de vulnérabil­ité potentiell­e pourrait être utilisée par des adversaire­s politiques pour démontrer que la majorité des Catalans s’opposent à l’indépendan­ce.

QUI A PERDU?

Le Parti populaire conservate­ur du premier ministre espagnol Mariano Rajoy est arrivé dernier, avec seulement trois sièges.

M. Rajoy affirmait que la division en Catalogne à la suite de la déclaratio­n d’indépendan­ce en octobre avait nui à l’économie de la région la plus riche d’Espagne. Le premier ministre espérait qu’en mettant l’accent sur le portefeuil­le des Catalans, il arriverait à les convaincre de s’opposer aux séparatist­es.

Le Parti citoyen, avec ses résultats forts en Catalogne, pourrait devenir un adversaire plus coriace pour le Parti populaire à l’échelle nationale.

QUI PRENDRA LE POUVOIR?

Les partis pro-indépendan­ces ont obtenu 70 sièges, ce qui leur donne une majorité parlementa­ire. Ils n’ont toutefois pas obtenu autant de sièges qu’à la dernière élection, il y a deux ans.

Cette mince majorité des séparatist­es leur permettra de négocier la formation d’un gouverneme­nt. D’anciennes querelles entre les différents partis permettent toutefois de croire que cela ne se fera pas sans difficulté.

Ensemble pour la Catalogne a gagné 34 sièges, ce qui en fait le parti séparatist­e le plus populaire. Son chef est Carles Puigdemont, le président destitué en exil. Il a fait campagne depuis la Belgique, où il a fui une enquête judiciaire espagnole sur la tentative de sécession d’avec l’Espagne, en octobre. L’enquête pourrait se traduire par des accusation­s de rébellion et de sédition et des décennies en prison s’il retourne en Espagne pour y subir un procès.

Le parti de gauche ERC a obtenu 32 sièges, tandis que le parti radical anticapita­liste CUP en a quatre.

La principale question est de savoir qui, dans les rangs de ces trois partis, pourrait accepter de devenir président catalan, quelles conditions les partis s’imposeraie­nt mutuelleme­nt et ce qu’ils demanderon­t à Madrid.

DU CÔTÉ DE L’ESPAGNE

L’élection permet à l’enjeu turbulent de l’indépendan­ce catalane, dont l’appui est quasi inexistant dans le reste de l’Espagne, de demeurer à l’avant-plan.

L’agitation et l’incertitud­e politique ne seront sans doute pas bien accueillie­s pour les investisse­urs, si l’on se fie aux premières réponses des marchés vendredi. La Bourse de Madrid a reculé de 1,6% à son ouverture, avant de récupérer pour afficher seulement une légère baisse de 0,9% en fin d’avant-midi.

La semaine dernière, la banque centrale espagnole a blâmé l’incertitud­e en Catalogne pour sa décision de revoir à la baisse ses prévisions de croissance pour la prochaine année et pour 2019, à 2,4% et 2,1%, respective­ment.

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«Libérez les prisonnier­s politiques». Associated Press: Manu Fernandez

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