LES ÉVÉNEMENTS À SURVEILLER EN 2018
NDLR: La politique nous touche tous de près ou de loin. Qu’on le veuille ou non, les décisions qui sont prises à Fredericton et à Ottawa ont un impact sur nos vies et sur notre portefeuille. C’est d’autant plus vrai en année électorale. Voici la première partie des événements politiques à surveiller en 2018 selon l’Acadie Nouvelle.
EXTRA-MURAL CHEZ MEDAVIE
L’entente qui lie la province aux Services de santé Medavie Nouveau-Brunswick est entrée officiellement en vigueur le 1er janvier malgré le mouvement d’opposition populaire. Au cours des prochaines semaines, l’entreprise sans but lucratif prendra le plein contrôle du Programme extra-mural et de la ligne Télé-Soins 811 qui continueront cependant à être financés par le public.
Même si les effets (positifs selon le gouvernement, négatifs selon les opposants) de ce changement pourraient mettre des semaines, voire des mois à se faire sentir, ce dossier n’a pas fini de faire les manchettes.
Le ministre de la Santé, Benoît Bourque, s’est engagé à rendre l’entente publique dans les plus brefs délais.
Les trois contrats sont en ce moment entre les mains du commissaire à l’intégrité qui est chargé d’appliquer la Loi sur le droit à l’information et la protection de la vie privée.
La loi prévoit que les détails de l’entente qui pourraient nuire à la compétitivité de Medavie devront demeurer secrets. Reste à voir si la province se pliera aux directives du commissaire ou si elle préférera se fier à l’interprétation de ses propres avocats qui sont généralement beaucoup plus conservateurs en matière d’accès à l’information.
La publication des contrats sera également l’occasion pour l’opposition officielle de dire à la population si elle entend résilier l’entente avec Medavie si elle remporte les élections cet automne. Jusqu’ici, le Parti progressiste-conservateur a ouvertement dénoncé les plans du gouvernement sans s’engager à rompre les contrats s’il obtient le pouvoir. L’Acadie Nouvelle a révélé en exclusivité la semaine dernière qu’une telle décision pourrait coûter jusqu’à 1 million $ à la province.
Égalité santé en français a perdu une première manche en fin d’année dans sa bataille contre la privatisation de la gestion l’Extramural lorsque la juge Lucie Lavigne a refusé d’imposer une injonction interlocutoire au gouvernement. Les avocats des deux parties ont rendez-vous en cour le 9 janvier pour la deuxième manche de cette saga judiciaire qui pourrait s’étaler sur toute l’année.
ÉLECTION COMPLÉMENTAIRE
Le premier ministre devrait annoncer bientôt si les électeurs de la circonscription de Campbellton-Dalhousie seront appelés aux urnes plus tôt que tard en 2018. Quelques jours avant Noël, Brian Gallant a indiqué aux médias qu’il allait prendre le temps des Fêtes pour réfléchir au meilleur moment de déclencher une élection partielle pour remplacer l’ex-député Donald Arseneault qui a quitté la vie politique le 1er décembre.
M. Gallant pourrait décider de tenir une élection partielle dans les prochaines semaines afin de trouver rapidement un remplaçant à M. Arseneault. Il pourrait aussi choisir de reporter le scrutin partiel afin de le faire coïncider avec les élections générales de septembre et éviter de convier les citoyens de Campbellton-Dalhousie aux urnes deux fois en huit mois.
Depuis le départ de Donald Arseneault, le Parti libéral ne compte officiellement qu’un élu de plus que l’opposition à l’Assemblée législative en plus du président. La députée progressiste-conservatrice Dorothy Shephard est cependant en congé prolongé afin de lutter contre le cancer du sein.
COMMERCE INTERNATIONAL
Les représentants canadiens, mexicains et américains ont rendez-vous à Montréal du 23 au 27 janvier pour la 6e ronde de renégociation de l’Accord de libre-échange nordaméricain (ALÉNA). De l’autre côté de la frontière, plusieurs observateurs prédisent que le président des États-Unis, Donald Trump, annoncera bientôt le retrait de son pays de l’Accord dont dépend une immense partie de l’économie du Nouveau-Brunswick qui subit déjà les effets du conflit sur le bois d’oeuvre.
L’ancien premier ministre du NouveauBrunswick et ex-ambassadeur du Canada aux États-Unis, Frank McKenna, confiait récemment au Globe & Mail que le pays risque de se retrouver dans un «no man’s
land», un genre «d’État zombie», si M. Trump met fin à l’ALÉNA. Malheureusement, rien ne permet de supposer que les propos de M. McKenna ne s’appliquent pas également à la province.
BUDGET
La ministre des Finances, Cathy Rogers, présentera le 30 janvier le dernier budget de son gouvernement avant les élections. Malgré les espoirs de quelques-uns, le premier ministre Gallant a déjà confirmé en entrevue de fin d’année avec le journal que le budget 2018-2019 ne sera pas équilibré.
Si le gouvernement risque d’avoir peu de marge de manoeuvre pour de gros bonbons électoraux, des hausses de taxes ou d’impôts ou même des coupes budgétaires seraient très étonnantes à huit mois des élections.
Les libéraux devront notamment expliquer dans leur budget comment ils comptent pallier le manque à gagner de 37 millions $ dans les fonds généraux découlant du transfert d’une partie des revenus de la taxe sur l’essence et les carburants vers le fonds pour la lutte aux changements climatiques en guise de tarification du carbone.
La province devrait aussi nous révéler pour la première fois combien d’argent elle entend récolter grâce à la vente du cannabis à des fins récréatives à compter du 1er juillet.
Aux dernières nouvelles, le NouveauBrunswick était en voie d’enregistrer un déficit de 135,4 millions $ pour l’année en cours. La dette de la province devrait atteindre 14,1 milliards $ le 31 mars.
JOUR DE LA FAMILLE
Les travailleurs auront droit à un congé payé supplémentaire en 2018. Le premier Jour de la famille aura lieu le troisième lundi du mois de février. Selon le gouvernement, le Jour de la famille assurera un meilleur équilibre entre le travail et la famille en plus «d’améliorer la productivité» des entreprises et de l’économie dans son ensemble. La mesure a été qualifiée d’électoraliste par les progressistes-conservateurs qui y voient un fardeau de plus sur le dos des petites et moyennes entreprises.
CHANGEMENTS CLIMATIQUES
La tarification du carbone entrera en vigueur le 1er avril au Nouveau-Brunswick, mais vous ne vous en rendrez probablement pas compte. À compter de cette date, le gouvernement prendra une partie de l’argent qu’il prélève déjà sur la vente d’essence et de diesel pour la transférer dans un nouveau fonds pour lutter contre les changements climatiques. Les automobilistes ne verront aucune différence à la pompe, promet la province. Fredericton compte ainsi injecter 37 millions $ dans le fonds dès cette année.
Cet argent doit servir à financer des initiatives d’adaptation et de lutte aux changements climatiques qui n’ont pas encore toutes été précisées par le gouvernement. Des fonds pour la production d’énergie verte, la rénovation écoénergétique et l’achat de véhicules électriques sont notamment attendus.
Les grands émetteurs de gaz à effet de serre comme la raffinerie d’Irving Oil à Saint-Jean et la centrale au charbon d’Énergie NB à Belledune devront quant à eux se conformer à de nouvelles normes fédérales qui n’ont pas encore été déterminées.
Ottawa commencera à évaluer en septembre le mécanisme provincial de tarification du carbone auprès des consommateurs pour s’assurer qu’il répond aux exigences nationales. Si le système néo-brunswickois n’est pas à la hauteur, ce qu’a déjà laissé entendre la ministre fédérale de l’Environnement et du Changement climatique, Catherine McKenna, Ottawa pourrait imposer sa propre taxe sur le carbone au Nouveau-Brunswick. À lire demain: les événements politiques à surveiller en 2018, deuxième partie.