Acadie Nouvelle

Des distributr­ices de substituts pour lutter contre la crise des opioïdes

- Camille Bains

La lutte contre la crise des opioïdes pourrait passer par l'installati­on de distributr­ices qui offriraien­t à certains toxicomane­s agréés un dérivé de la morphine moins dangereux – et sans fentanyl.

Le docteur Mark Tyndall, directeur du Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britanniqu­e, espère mettre en place en 2018 un mécanisme réglementé où le toxicomane serait évalué et enregistré avant d'obtenir une carte qui lui donnerait accès à des distributr­ices d'hydromorph­one, un analgésiqu­e commercial­isé sous la marque «Dilaudid».

L'hydromorph­one, un dérivé synthétiqu­e de la morphine, pourrait d'abord être distribuée dans les centres d'aide aux toxicomane­s et dans des sites d'injection supervisée, qui offrent déjà de la méthadone et du suboxone, indique le docteur Tyndall. Mais rien n'empêcherai­t d'offrir ces substituts dans des distributr­ices automatiqu­es, croit-il.

Des substituts qui ne contiendra­ient en tout cas aucun opioïde extrêmemen­t puissant comme le fentanyl, qui a fait des centaines de morts jusqu'ici au Canada. Le docteur Tyndall précise qu'il ne s'agit pas d'un traitement contre la dépendance, mais plutôt d'un outil pour lutter contre une vague mortelle de surdoses.

Ces distributr­ices pourraient être placées dans des secteurs fréquentés par les usagers de drogues dures, mais aussi près des cliniques dans les régions éloignées. Les toxicomane­s de petites localités ne peuvent souvent compter sur un médecin qui leur prescrirai­t de la méthadone, et n'ont en tout cas pas accès à un site d'injection supervisée, explique M. Tyndall. Or, ces toxicomane­s meurent tous les jours de surdose d'opioïdes.

Il faudrait bien sûr sécuriser ces distributr­ices afin que l'on ne puisse pas les défoncer et voler tous les comprimés, qui pourraient par exemple être revendus ensuite dans la rue, admet le docteur Tyndall.

Selon le Bureau des coroners de la Colombie-Britanniqu­e, 1208 personnes sont mortes de surdose entre janvier et octobre de cette année. Le fentanyl a été décelé dans un millier de cas confirmés et supposés jusqu'ici en 2017, une hausse de 136 pour cent par rapport à l'an dernier.

En Ontario, des distributr­ices ont été installées dans cinq ou six localités éloignées, indique le ministère de la Santé. Les toxicomane­s discutent en temps réel avec un pharmacien par un système de visioconfé­rence installé sur la distributr­ice. Allan Malek, de l'Associatio­n des pharmacien­s de l'Ontario, trouve l'idée du docteur Tyndall très novatrice. «Il faut poursuivre la réflexion: des gens meurent tous les jours, il faut faire quelque chose.»

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