Les hauts dirigeants canadiens ont déjà empoché le revenu du travailleur moyen
Trois minutes avant le coup de 11h, mardi avant-midi, les 100 dirigeants d’entreprises les mieux payés au Canada avaient déjà empoché ce que le travailleur moyen mettra toute l’année à gagner. Ce laps de temps, estimé par l’économiste David Macdonald, est le plus court jamais vu depuis que le Centre canadien de politiques alternatives a commencé à en faire le calcul, il y a une dizaine d’années. Son directeur, Peter Bleyer, soulève que l’écart entre les mieux et les moins bien rémunérés au pays ne cesse de s’amplifier. En 2016, la centaine de dirigeants les mieux rémunérés des entreprises de l’indice composé S&P/TSX ont touché en moyenne 10,4 millions $ – soit 209 fois plus que le salaire moyen de 49 738$. Celui-ci avait alors augmenté de 0,5 pour cent par rapport à l’année précédente, ce qui signifie qu’une fois l’inflation prise en compte, il avait en fait diminué. Pendant ce temps, ces hauts dirigeants d’entreprises voyaient leur revenu grimper de 8 pour cent. Peter Bleyer explique cette hausse par le fait qu’ils s’enrichissent principalement grâce aux valeurs boursières. Il estime que la part qu’occupe l’option d’achat d’actions dans leur rémunération nuit à la gouvernance de leur entreprise. «Les valeurs sur les bourses ne sont pas la valeur réelle du travail de ces grandes entreprises – ça devrait être les profits, les revenus, etc. Ça devient un peu un jeu», a-t-il signalé mardi, en entrevue téléphonique avec La Presse canadienne. Le Centre canadien de politiques alternatives réclame une profonde réforme fiscale, citant en exemple l’élimination de la réduction de l’impôt sur les gains en capital pour les actions faisant partie de la rémunération accordée aux présidents et directeurs généraux (PDG) des grandes entreprises.