UNE NUIT DANS LA TEMPÊTE
Un motoneigiste a passé la nuit de jeudi à vendredi, seul, coincé dans les bois près de Bathurst, sans possibilité de joindre qui que ce soit. Heureusement, un groupe de bénévoles sauveteurs l’a retrouvé sain et sauf, vendredi en milieu de matinée.
«S’il n’avait pas eu de casque chauffant, mon fils serait probablement mort», souligne Francyne Haché.
Pier Alexandre Haché Désilets, 24 ans, a eu la peur de sa vie. Il a cru que sa dernière heure était arrivée. La tempête qui a traversé la province, jeudi, il l’a subie de plein fouet, au milieu d’un sentier enneigé, réservé aux motoneigistes.
Il y est resté une nuit entière jusqu’à ce que de bons samaritains le sauvent.
Jeudi après-midi, Pier Alexandre Haché Désilets a quitté son domicile de SaintAmateur, dans la Péninsule acadienne, pour se rendre à Bathurst en ski-doo.
«C’est une Yamaha. Il l’avait seulement depuis trois jours. Il voulait la faire vérifier et s’acheter une paire de bottes», explique sa mère.
Compte tenu des prévisions météo, celle-ci a tenté de l’en dissuader.
«Je lui ai dit que la tempête s’en venait. Que si on attendait lundi, on pourrait y aller en voiture. Mais il ne m’a pas écouté. Il n’en a fait qu’à sa tête, comme toujours.»
Francyne Haché était d’autant plus inquiète que son fils soit revenu dans la Péninsule fin décembre, après avoir passé quelques mois au Québec. Elle savait qu’il ne connaissait pas bien les pistes et chemins.
Pier Alexandre Haché Désilets est arrivé à Bathurst. Il n’a pu atteindre le garage. En raison du mauvais temps, celui-ci avait fermé plus tôt. Il a tout de même profité de son déplacement pour s’acheter de nouvelles bottes.
Dans le magasin, il a eu l’idée de prendre aussi un casque chauffant. Sur la visière de celui qu’il avait, la buée lui avait occasionné des problèmes de visibilité. Si l’aller avait été quelque peu difficile, le retour a été pire. Au point que son engin s’est retrouvé embourbé dans la neige.
«Il nous a appelés vers 19h45 pour nous prévenir, mais nous avons très vite été coupés. La batterie de son téléphone a lâché», raconte Mme Haché.
Ont alors commencé, pour la maman et son fils, de longues heures d’angoisse.
«J’ai appelé la police, mais ils m’ont dit qu’ils ne pouvaient rien faire à cause de la tempête. J’ai également contacté le centre de recherche et de sauvetage. Ils m’ont répondu la même chose.»
Submergée par l’angoisse, Francyne Haché a lancé des appels à l’aide via Facebook.
«J’ai paniqué. J’ai cru que j’allais perdre mon fils.»
Pendant ce temps, Pier Alexandre Haché Désilets s’était couché dans la neige au plus près de son ski-doo dont il avait laissé le moteur allumé avec l’espoir de se réchauffer autant qu’il le pouvait. Dès le lever du jour, vendredi, les pompiers se sont mis en branle pour le secourir.
À Bathurst, Denis Léger, un motoneigiste passionné, a vu les messages relayés sur Facebook. Lui et des amis ont souhaité apporter leur contribution.
«J’ai juste voulu aider et c’est ce que j’ai fait», commente-t-il.
Denis Léger n’en dira pas plus. Toujours est-il que c’est lui et ses partenaires de recherches qui ont repéré le jeune homme, du côté de Salmon Beach.
«Ils l’ont emmené au camp de NotreDame-des-Érables où il a pu se réchauffer et manger. Pier Alexandre avait faim. Ses vêtements étaient tout trempés, même ses sousvêtements», poursuit Mme Haché.
Elle avait prié pour qu’on lui ramène son fils sain et sauf; elle a été entendue.
«Quand je l’ai retrouvé, je braillais de joie. J’étais aussi en colère parce qu’il ne m’avait pas écouté. Quelle tête de cochon!»
M. Désilets a compris la leçon. De la motoneige, il en refera, mais jamais plus sans être accompagné.