La Saskatchewan détient le record peu enviable en matière d’alcool au volant
La vie des Van de Vorst a basculé d’un coup il y a deux ans: la famille élargie a perdu, en une soirée, le tiers de ses membres.
Jordan et Chandra Van de Vorst roulaient tranquillement près de Saskatoon, leurs deux enfants assis sur la banquette arrière, lorsque leur véhicule a croisé le chemin d’une automobiliste en état d’ébriété qui n’a pas fait son arrêt obligatoire.
Toute la petite famille a péri dans la collision, en cette sinistre soirée du 3 janvier 2016. L’automobiliste, Catherine McKay, âgée de 49 ans, a plaidé coupable à quatre chefs d’accusation de conduite avec les facultés affaiblies ayant causé la mort - son taux d’alcool était trois fois supérieur à la limite permise ce soir-là. Elle purge aujourd’hui une peine de 10 ans de prison.
Mais depuis deux ans, à chaque anniversaire de naissance, à chaque réveillon de Noël, à chaque fête de l’Action de grâces, les proches des quatre victimes, eux, se rappellent avec douleur un tragique accident qui aurait pu - qui aurait dû - être évité.
En ce début de 2016, les Van de Vorst inauguraient alors un triste bilan annuel de 57 victimes de l’alcool au volant en Saskatchewan. Le millier de collisions liées à la conduite en état d’ébriété cette annéelà a aussi fait 464 blessés dans la province.
Les données pour 2017 ne sont pas encore disponibles, mais selon les chiffres de Statistique Canada, la Saskatchewan détient le record peu enviable à ce chapitre et on ne sait pas très bien pourquoi.
«L’alcool au volant est un comportement que l’on peut certainement éviter», estime Kwei Quaye, vice-président de la sécurité et des services à la société de l’assurance automobile de la Saskatchewan.
«Les conséquences sur la vie des gens et de leurs proches sont intolérables.»
La société de l’assurance automobile a déposé une poursuite contre les propriétaires des deux bars qui avaient servi de l’alcool à Catherine McKay le 3 janvier 2016 - une première dans l’histoire de cette province -, et le gouvernement a adopté des mesures plus sévères pour punir les contrevenants.
L’Association provinciale des hôteliers et tenanciers de bars se plaint d’ailleurs d’un ralentissement des affaires depuis certains établissements auraient même dû fermer, selon le président, Jim Bensa.
Mais une chose rallie les tenanciers de bars et les Van de Vorst: la solution réside dans la responsabilisation citoyenne.
Or, Linda Van de Vorst, grand-mère des petites victimes de l’accident du 3 janvier 2016, craint maintenant l’arrivée de la marijuana dans ce paysage, en juillet, même si le gouvernement de la Saskatchewan souhaite adopter une politique de «tolérance zéro» au volant. - La Presse canadienne