Acadie Nouvelle

La violence dans les soins de santé détruit des vies

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La violence envers les travailleu­rs du réseau de la santé est omniprésen­te dans les hôpitaux de l’Ontario, laisse entendre une étude qui s’est penchée sur les expérience­s vécues par des infirmière­s, des employés de soutien et d’autres membres du personnel. La Presse canadienne

Les chercheurs ont effectué des groupes de discussion avec plus de 50 employés d’hôpitaux ontariens ayant été victimes de violence verbale, physique ou sexuelle, la plupart du temps de la part de patients.

«Il y a eu des traumatism­es physiques terribles, des gens dont la vie a été changée pour toujours, des gens qui souffrent du syndrome post-commotion cérébrale, des gens qui ont été frappés au visage et qui sont maintenant défigurés», a raconté Margaret Keith, une spécialist­e de la santé au travail et de l’hygiène du milieu de l’Université de Windsor et coauteure de l’étude.

«Nous avons parlé à une infirmière qui a subi, dans le cadre d’incidents séparés, une fracture à la jambe, une fracture au bras, une morsure profonde et une blessure par arme blanche. Et ce sont de vraies histoires», a indiqué Mme Keith, ajoutant que l’étude montrait que ce genre d’agressions en milieu hospitalie­r se produisait partout au Canada et dans d’autres pays développés.

Les actes de violence peuvent survenir n’importe où dans un hôpital et être commis par les patients ou même des membres de leur famille. Si les attaques impliquent souvent des patients atteints de troubles psychiatri­ques ou ayant consommé des drogues illicites, elles peuvent aussi mettre en cause des personnes frustrées par les longues attentes ou ce qu’elles considèren­t comme des soins inadéquats, révèle l’étude.

En fait, a poursuivi Mme Keith, il semble y avoir au sein du réseau de la santé une culture ayant «normalisé» cette violence en la présentant comme quelque chose qui fait partie du travail.

«Je ne sais pas pourquoi, mais les gens se sont fait dire de plusieurs façons qu’ils devaient s’attendre à être traités de la sorte. Mais ce que je vois quand j’envisage la situation dans son ensemble est très similaire à ce qui se passe actuelleme­nt à Hollywood, qu’il existe une culture du silence et de la honte», a affirmé la chercheuse, faisant référence aux femmes qui ont longtemps gardé le secret par rapport aux agressions perpétrées par des hommes puissants de l’industrie du film.

Jim Brophy, le coauteur de l’étude et aussi expert de la santé au travail et de l’hygiène du milieu à l’Université de Windsor, a pour sa part affirmé que les incidents n’étaient pas souvent rapportés parce que de nombreux travailleu­rs de la santé ayant été victimes de violence craignaien­t de faire l’objet de représaill­es de la part de la direction des hôpitaux s’ils déposaient une plainte.

«Même lorsque les incidents ont été signalés, peu de gestes ont été posés pour remédier à la situation afin d’empêcher que ces actes de violence ne se reproduise­nt», at-il indiqué.

Dans chaque groupe de discussion, a continué M. Brophy, les participan­ts se sont entendus pour dire que le manque de personnel découlant des compressio­ns budgétaire­s dans le système de santé avait ouvert la voie à cet «environnem­ent toxique».

L’étude a été publiée dans le Journal of Environmen­tal and Occupation­al Health Policy et a été lancée à la demande du Syndicat canadien de la fonction publique par le biais du Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario.

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La violence fait parfois partie du quotidien des travailleu­rs de la santé. - Archives

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