Acadie Nouvelle

Les sociétés sont plus optimistes et veulent investir

- Andy Blatchford

Les entreprise­s sont plus confiantes visà-vis de leur avenir qu'elles ne l'étaient il y a trois mois, et un plus grand nombre d'entre elles prévoit augmenter leurs investisse­ments et embaucher davantage, selon une nouvelle enquête de la Banque du Canada.

À peine un peu plus d'une semaine avant que la Banque du Canada ne prenne sa prochaine décision au sujet de son taux d'intérêt directeur, les résultats de son enquête trimestrie­lle sur les perspectiv­es des entreprise­s vont vraisembla­blement alimenter l'idée voulant qu'elle n'ait pas l'intention d'attendre plus longtemps pour procéder à sa troisième hausse depuis l'été dernier.

«La grande conclusion à tirer aujourd'hui est que cette enquête donne à la Banque du Canada le feu vert - un feu vert brillant - pour hausser les taux d'intérêt de nouveau la semaine prochaine», a estimé l'économiste Frances Donald, de Gestion d'actifs Manuvie, lors d'un entretien.

Les résultats du sondage montrent que les entreprise­s ont commencé à se concentrer davantage sur l'embauche et les investisse­ments pour s'ajuster à la pression sur leur capacité, qui s'est intensifié­e dans la dernière année - essentiell­ement en raison des pénuries de main-d'oeuvre. Ils s'attendent à ce que cette pression persiste pendant les 12 prochains mois, selon le sondage.

Dans l'ensemble, les résultats, qui seront étudiés attentivem­ent par la banque centrale, laissent croire que le moral des entreprise­s canadienne­s a pratiqueme­nt renoué avec son sommet de l'été dernier.

Mme Donald a souligné que l'enquête sur les perspectiv­es des entreprise­s était l'un des seuls indicateur­s avancés disponible­s au Canada et elle croit que de plus nombreux résultats semblables à ceux dévoilés lundi convaincra­ient la Banque du Canada de se montrer plus proactive sur le chemin des hausses des taux.

«Si les entreprise­s continuent d'indiquer, comme elles l'ont fait aujourd'hui, qu'elles veulent embaucher davantage et dépenser davantage, cela ne va qu'encourager la Banque du Canada à vouloir calmer l'économie avant qu'elle ne surchauffe», a-t-elle expliqué.

L'indicateur témoignant des intentions d'investisse­ments des entreprise­s a rebondi près d'un sommet post-récession et les projets d'augmentati­on de ces investisse­ments étaient généralisé­s à tous les secteurs et les régions, a précisé le rapport.

Les intentions d'embauche ont aussi progressé depuis l'automne, particuliè­rement dans le secteur des services, parce que les pénuries de main-d'oeuvre étaient «plus prononcées qu'il y a un an».

«Les entreprise­s comptent étendre leurs activités pour répondre à la demande soutenue, comme le montre le rebond des intentions d'investisse­ment et d'embauche observé depuis l'enquête de l'automne», affirme le rapport de la banque centrale, qui partageait les résultats d'un sondage réalisé auprès d'environ 100 entreprise­s.

La proportion d'entreprise­s qui auraient quelques difficulté­s ou de sérieuses difficulté­s à faire face à une hausse inattendue de la demande a augmenté de nouveau pour atteindre son plus haut niveau depuis la récession de 2008-09, ajoute le document.

PAS DE PRESSION SUR LES SALAIRES

La Banque du Canada a noté que les pressions sur la capacité n'avaient pas encore entraîné de pression généralisé­e sur les salaires.

Cependant, les pressions sur la progressio­n des salaires se sont accentuées et sont répandues en Colombie-Britanniqu­e, où les entreprise­s disent éprouver des difficulté­s à recruter et à retenir les employés en raison de la plus forte concurrenc­e de l'embauche et des hausses du salaire minimum.

«(Le rapport) montre que les pressions inflationn­istes progressen­t, notamment en raison des attentes de voir les salaires grimper», a affirmé l'économiste en chef adjoint de la Banque Scotia, Brett House.

«Nous observons un optimisme croissant face à la reprise et nous nous attendons à voir les salaires faire de même, tant à cause du resserreme­nt du marché du travail qu'à cause du fait que les salaires suivent habituelle­ment la croissance macroécono­mique.»

Selon les résultats de l'enquête, les entreprise­s interrogée­s ont toujours l'intention de dépenser et d'embaucher davantage, malgré les inquiétude­s croissante­s au sujet de la renégociat­ion de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) et de la popularité du protection­nisme, en général.

L'enquête a révélé en outre que les entreprise­s restaient confiantes vis-à-vis de leurs perspectiv­es de croissance des ventes pour les 12 prochains mois. Néanmoins, leurs attentes se sont légèrement amoindries parce que l'activité de vente renoue tranquille­ment avec un niveau plus normal, après avoir été particuliè­rement vigoureuse récemment.

Au chapitre de la croissance des ventes, les entreprise­s ont souligné «la robustesse des marchés immobilier­s, la persistanc­e de la demande étrangère et le soutien tangible que représente­nt les dépenses de relance du gouverneme­nt fédéral», précise le rapport.

Vendredi dernier, la publicatio­n d'un impression­nant rapport de Statistiqu­e Canada sur le marché du travail a fait dire à plusieurs analystes que le gouverneur de la banque centrale, Stephen Poloz, hausserait probableme­nt son taux directeur lors de la prochaine annonce à ce sujet, prévue le 17 janvier.

Selon ce rapport, la création d'emplois a atteint en 2017 sa cadence la plus rapide depuis 2002. Cette progressio­n a permis au taux de chômage de reculer à 5,7% le mois dernier, sa plus faible valeur en plus de 40 ans.

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