Acadie Nouvelle

BATHURST TOUJOURS EN DEUIL

- Béatrice Seymour beatrice.seymour@acadienouv­elle.com

Les proches des victimes ont évacué leur douleur différemme­nt. Certains se sont jetés à corps perdu dans un combat pour améliorer la sécurité des élèves lors des déplacemen­ts parascolai­res. Toutefois, la plupart des familles sont restées dans l’ombre.

Isabelle Hains, la mère de Daniel Hains, est en colère depuis dix ans. Elle a fait plusieurs fois les manchettes dans les années qui ont suivi l’accident, essayant de comprendre pourquoi celui-ci était survenu et qu’est-ce qui aurait pu être fait différemme­nt pour l’éviter.

Elle a remporté des victoires, dont le bannisseme­nt des fourgonnet­tes de 15 passagers comme celle impliquée dans la collision, et pas seulement au NouveauBru­nswick.

Mme Hains a également fait pression pour une enquête du coroner sur les circonstan­ces du drame. Vingt-quatre recommanda­tions ont découlé de cet examen.

«Je suis fâchée que mon fils ne soit plus là. Personne n’a suivi les directives déjà en place pour le transport des élèves en cas de mauvais temps. Si elles avaient été suivies, il serait toujours vivant. Cet accident aurait pu être empêché. Cette nuitlà, c’est comme si c’était légal de tuer mon fils en le mettant dans une situation dangereuse. La fourgonnet­te était en très mauvais état. Tout le système a failli pour protéger nos enfants», déplore Isabelle Hains.

Daniel allait avoir 18 ans le 15 janvier et il prévoyait fêter son anniversai­re le jour de sa mort. Sa mère se remet encore très difficilem­ent de son décès. La fin de semaine de l’accident, il avait été demandé aux citoyens de la région Chaleur d’éclairer leur porche, en signe de solidarité aux familles endeuillée­s. Mme Hains a elle-même suivi cette consigne et n’a jamais éteint sa lumière ni la chandelle électrique qui illumine la fenêtre de son entrée depuis dix ans.

«La vie n’est plus pareille pour moi. C’est comme si c’était arrivé hier et c’est encore très douloureux. Je manque tout de lui. Sa présence. Ses câlins. Quand je vois un jeune homme qui joue de la guitare, il me rappelle mon fils. Il aimait la musique. Je me demande ce qu’il ferait aujourd’hui», soupire Mme Hains, en larmes.

«C’était un bon garçon. La semaine précédent l’accident, ils sont allés jouer à Miramichi. Codey (Branch) avait oublié ses baskets. Daniel lui a prêté les siens en lui disant qu’il était un meilleur joueur que lui. Codey a joué et Daniel a regardé le match assis», raconte-t-elle.

Ironie du sort, Codey Branch a intégré l’école Bathurst High en septembre 2007, après avoir suivi toute sa scolarité dans les écoles francophon­es, pour justement faire partie de l’équipe de basketball de cet établissem­ent. Son rêve n’aura duré que quelques mois.

Sa mère, Ginette Emond est, elle aussi, passée par toutes les gammes d’émotions lors du décès de son aîné, mais elle a voulu se ressaisir rapidement.

«Après la mort de Codey, j’ai vite décidé que mes enfants (les deux autres) avaient besoin d’une mère en santé physiqueme­nt et émotionnel­lement. Ils avaient droit à une enfance la plus normale possible. Cette manière de penser a beaucoup aidé, mais même après 10 ans, je pense continuell­ement à Codey. Je parle de lui tout le temps.»

Elle n’a pas de rancune, estimant que la tragédie était fortuite.

Mme Emond a plutôt une pensée pour les premiers répondants qui sont intervenus sur cette scène funeste et à l’égard du personnel de l’hôpital.

ALLUMER PLUSIEURS DIZAINES DE BOUGIES

Comme chaque année, Isabelle Hains se rendra sur les lieux de l’accident dans la nuit du 11 au 12 janvier pour allumer plusieurs dizaines de bougies en mémoire de son garçon et de ses coéquipier­s.

Alors que Mme Emond prenait, dans les premiers temps, congé au travail cette date-là pour se remémorer, elle a changé cette habitude.

«J’ai arrêté cela au bout de quelque temps. Je célèbre maintenant les années que j’ai eues avec Codey au lieu de mettre mon attention sur la journée de son décès», dit-elle.

Reconnaiss­ante pour la journée de deuil que la Ville de Bathurst a décrétée, elle aurait cependant aimé qu’elle englobe tous les jeunes de la région qui sont partis trop tôt et non seulement les Boys in Red.

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 ??  ?? Le 12 janvier 2008, peu après minuit, la fourgonnet­te dans laquelle se trouve l’équipe de basketball masculin des Phantoms de l’école Bathurst High dérape et est heurtée par un poids lourd circulant dans la voie inverse de la route 8. - Archives
Le 12 janvier 2008, peu après minuit, la fourgonnet­te dans laquelle se trouve l’équipe de basketball masculin des Phantoms de l’école Bathurst High dérape et est heurtée par un poids lourd circulant dans la voie inverse de la route 8. - Archives

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