«Nous faisons tout pour garder son souvenir vivant»
Nicholas Kelly, surnommé Nikki, est le plus jeune Boys in Red à avoir perdu la vie, il y a dix ans. Il n’avait que 15 ans. Son souvenir brille aussi loin que sur le continent africain, où de nombreux jeunes orphelins et en particulier un, profitent des actions posées par ses parents.
Marcella Kelly et Bruno Blanchard, de North Tetagouche, près de Bathurst, n’ont pas voulu que Nikki, le cadet de leurs trois garçons, soit mort en vain.
Ils se sont souvenus de la petite histoire qu’il avait écrite sur ce qu’il ferait s’il gagnait une grosse somme d’argent.
Il avait noté qu’il gâterait ses parents, qu’il donnerait de l’argent à la Fondation Rêves d’enfants et aiderait les plus démunis à participer à des activités sportives.
Après sa perte, ses parents faisaient des dons à des organismes de charité et des organisations oeuvrant pour la jeunesse à son anniversaire de naissance et à Noël.
M. Blanchard travaillait à l’époque sur un site minier en Tanzanie, en Afrique. Malgré leurs ressources limitées, les employés qu’il supervisait, des natifs du pays, se sont cotisés à la suite du drame. Ils ont amassé 175$US, ce qui représente une coquette somme pour eux.
Le père de Nikki a bien tenté de refuser, mais ils considéraient presque comme une offense que celui-ci n’accepte pas leur offre.
Bruno Blanchard a alors décidé d’équiper une école, qui regroupe beaucoup d’orphelins dans la ville minière, d’un panier de basketball et de ballons.
La direction minière a embarqué dans l’élan de solidarité en acceptant de financer la construction du terrain de basketball sur une propriété de trois hectares à côté de l’établissement, une gracieuseté du gouvernement tanzanien. Le rêve, qui a pris de l’ampleur, s’est concrétisé en 2010.
Une photo de Nikki figure sur le panier, avec également les numéros de chandails de ses coéquipiers qui ont perdu la vie dans l’accident routier. «Nous avons choisi de faire du bien autour de nous. Nous ne voulions pas que notre fils soit mort pour rien, alors nous posons des gestes pour honorer sa mémoire. Il avait un grand coeur et aidait les gens quand il pouvait. Nous voulons continuer son héritage», assure sa mère.
Les Kelly-Blanchard ont pris sur leurs ailes, Dav, un orphelin qui prêtait main-forte pendant la construction.
«C’est un bon garçon qui tentait de s’éduquer. Avec mon mari, nous avons décidé qu’à la place de faire des donations à des organismes, que nous allions aider Dav à finir sa scolarité. Nous l’avons transféré à une école privée dans une plus grande ville à proximité. Nous avons payé pour son éducation et il vient de recevoir un diplôme universitaire en gestion des ressources humaines (en novembre dernier)», se félicite Mme Kelly.
Ils ont gagné un fils en la personne de Dav, qui les appelle d’ailleurs maman et papa. Celui-ci parle souvent de Nikki, son frère.
«Il connaît notre histoire et sait pourquoi nous faisons tout ceci pour lui. Il nous rappelle notre fils parce que c’est un bon garçon, comme lui. Nous avons pu l’aider en mémoire de notre enfant et espérons avoir changé sa vie. Il ne remplacera jamais Nikki, mais il fait partie de notre famille», dit fièrement Mme Kelly.
C’est sous le panier de basket-ball, en Afrique, que le couple s’est marié en septembre 2016, après 26 ans de vie commune.
L’esprit de Nikki Kelly se fait sentir de bien d’autres façons. Dans le jardin familial que ses parents ont créé l’été de son décès. À l’International Children’s Memorial Place, à l’Île-du-Prince-Édouard, où une plante fleurit en son honneur. Son père a même inséré un message pour lui dans le Wall of Love, en Corée du Sud. Sa chambre est demeurée intacte et c’est souvent là que ses parents vont y puiser du réconfort.
«Ces enfants n’avaient jamais joué au basketball. Nous avons également bâti un terrain de soccer parce que mon fils était aussi un grand joueur de soccer, explique Marcella Kelly. Nous n’avons plus Nikki à nos côtés, mais nous faisons tout pour garder son souvenir vivant.»