Acadie Nouvelle

Que se produira-t-il avec l’ALÉNA si les États-Unis s’en retirent?

Alors que la renégociat­ion de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) s’apprête à entrer dans une phase difficile, diverses rumeurs ont ressurgi en ce qui a trait à la possibilit­é que le président américain Donald Trump annonce le retrait des Éta

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Alexander Panetta

Les rondes de négociatio­n prévues prendront fin d’ici quelques mois et le Canada surveiller­a de plus près que jamais le président américain, qui a affirmé à plusieurs reprises qu’il pourrait être nécessaire d’entamer un processus de retrait afin de faire pencher les négociatio­ns en faveur des États-Unis et d’obtenir des concession­s.

Voici quelques conséquenc­es que pourrait avoir un éventuel retrait des États-Unis de l’ALÉNA. • L’ALÉNA survit, au moins pendant un certain temps: La clause de retrait de l’accord n’entraîne pas une sortie automatiqu­e immédiate. Ce n’est pas comme le Brexit et l’article 50 de l’Union européenne. L’article 2205 de l’ALÉNA demande un préavis de six mois avant qu’un pays membre puisse vraiment s’en retirer.

• Le huard chute: Goldman Sachs s’attend à ce que le dollar canadien chute de 6¢ US si le président Trump annonce un retrait, et un impact encore plus important pour le peso mexicain. La simple évocation d’un retrait dans les médias, cette semaine, a entraîné une glissade momentanée. Les marchés des devises peuvent servir d’absorbeurs de chocs lors des secousses commercial­es, ce qui atténue l’impact des tarifs.

• De possibles poursuites en justice: La communauté juridique américaine a déjà commencé à débattre de la constituti­onnalité d’un retrait décrété par le président, sans l’aval du Congrès. Certains jugent que M. Trump aurait ce pouvoir; d’autres non. Mais tout le monde semble s’entendre sur la possibilit­é de voir naître des poursuites en justice. Quelques contradict­ions historique­s semblent être à la source de la confusion sur l’autorité présidenti­elle. En effet, si la Constituti­on américaine confère au président le pouvoir sur les relations internatio­nales, le Congrès détient ce pouvoir sur les questions commercial­es. De précédents litiges judiciaire­s ont déterminé que le pouvoir du président prévalait pour les ententes internatio­nales, tandis que d’autres ont établi qu’il ne pouvait contredire la loi en vigueur. Ce secteur juridique précis n’a pas été beaucoup mis à l’épreuve – il est assez rare qu’un président américain soit plus hostile aux ententes commercial­es que le Congrès, qui est traditionn­ellement plus protection­niste. Le sort de la loi mettant en place l’ALÉNA, adoptée par le Congrès en 1994, n’est pas clair.

• Le Mexique sort probableme­nt: Des sources au courant de la stratégie des négociateu­rs mexicains sont catégoriqu­es: ils vont quitter la table de négociatio­ns si M. Trump invoque l’article 2205. Les Mexicains ont déjà fait des déclaratio­ns publiques en ce sens et des sources ont indiqué que cette idée était encore plus explicite dans les conversati­ons privées.

• Le Canada reste probableme­nt: Le gouverneme­nt canadien se montre beaucoup plus prudent lorsqu’il est questionné sur ses intentions advenant un départ des États-Unis. Mais des sources au fait de sa stratégie affirment qu’il resterait probableme­nt à la table pour continuer à discuter.

• La prochaine décision de M. Trump: Choisit-il de faire une pause de négociatio­ns pendant les élections au Mexique, pour les reprendre après l’assermenta­tion d’un nouveau gouverneme­nt mexicain en décembre? Préfèret-il rester à la table de négociatio­ns avec les parties qui choisissen­t de continuer à discuter? Les négociatio­ns trilatéral­es se transforme­raient-elles en discussion­s bilatérale­s entre les États-Unis et le Canada? L’ALÉNA serait-il éliminé après la période de grâce de six mois?

• Un ALÉNA zombie: Les activités commercial­es entre les pays se poursuiven­t sans tarifs, le mécanisme de règlement de conflits continue de fonctionne­r et les entreprise­s transfront­alières peuvent continuer à investir et embaucher n’importe où – tout en sachant que l’accord est à moitié mort et qu’il pourrait être enterré n’importe quand après six mois. Sans libre-échange, les pays seraient libres d’appliquer leurs tarifs internatio­naux. Ces derniers atteignent en moyenne 3,5% pour les produits importés aux États-Unis, 4,1% au Canada et 7,0% au Mexique. Certains produits sont cependant soumis à des tarifs beaucoup plus élevés que d’autres.

 ??  ?? Donald Trump pourrait bientôt annoncer le retrait pur et simple des États-Unis de l’ALÉNA. − Associated Press: Manuel Balce Ceneta
Donald Trump pourrait bientôt annoncer le retrait pur et simple des États-Unis de l’ALÉNA. − Associated Press: Manuel Balce Ceneta

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