Acadie Nouvelle

De nouveaux gadgets d’une utilité douteuse...

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Ceux qui imaginent la maison intelligen­te d’aujourd’hui semblent davantage fascinés par ce qu’on peut faire que par ce dont les consommate­urs ont vraiment besoin. Associated Press

Cela explique possibleme­nt le défilé interminab­le de tire-bouchons, de bouteilles d’eau, de thermomètr­es à viande et de réfrigérat­eurs reliés au web, et la pénurie d’appareils capables de laver et de plier la lessive, de ramasser ce qui traîne ou d’aider les aînés dont les capacités physiques sont en déclin.

Certains inventeurs essaient vraiment d’inventer le prochain bidule révolution­naire. Le Consumer Electronic­s Show, un événement annuel qui a débuté mardi à Las Vegas, met en vedette les plus récentes innovation­s des compagnies, petites et grandes. Quelquesun­es de ces inventions ont le potentiel d’être vraiment utiles. D’autres semblent d’une inutilité qui frise le ridicule - mais qui sait vraiment?

Vous voulez utiliser votre réfrigérat­eur pour appeler Uber? Samsung vous permet de le faire avec les plus récents appareils présentés à Vegas. Ou si vous préférez une bouteille d’eau qui vous aide à célébrer quand vous avez atteint vos objectifs d’hydratatio­n, la bouteille Hidrate Spark 2.0 - oui, elle est reliée au web - est pour vous.

On peut aussi contrôler un four à microondes Whirlpool avec des commandes vocales. Malheureus­ement, les règles actuelles imposent d’aller appuyer manuelleme­nt sur le bouton pour le mettre en marche - et personne n’a encore mis au point un système permettant de placer des aliments à l’intérieur et de les sortir à distance.

Le thermomètr­e à viande d’Apption Labs enverra une alerte à l’applicatio­n installée sur votre téléphone portable quand votre steak sera cuit à point.

On se demande aussi qui, à part peut-être les oenologues les plus fanatiques, voudra contrôler le niveau de gaz argon dans une bouteille à moitié vide de pinot noir. Mais si ça vous intéresse, Coravin, qui se spécialise dans les gadgets du genre, vous propose un appareil qui extirpe le vin de la bouteille sans retirer le bouchon; une applicatio­n vous prévient quand le bidule a besoin d’être nettoyé ou que ses piles commencent à faiblir.

Tout cela témoigne de l’engouement des inventeurs à relier le moindre appareil de notre maison au web. Mais en a-t-on vraiment besoin?

Le gadget inutile d’un individu est l’invention révolution­naire d’un autre. Plusieurs innovation­s présentées au CES pourraient éventuelle­ment connaître du succès auprès d’un public bien précis, même si elles ne sont jamais largement adoptées, croit l’analyste des technologi­es Tom Coughlin, le président de Coughlin Associates.

«Il y a des choses qui arrivent trop tôt. Il y a des choses qui sont seulement à moitié cuites», a-t-il dit. Mais on ne sait jamais, ajoute-t-il, car «parfois les gens ne savent pas de quoi ils ont besoin avant de le voir».

Le CES, poursuit M. Coughlin, présente «les espoirs et les rêves, les fantasmes, aussi bien fous que magnifique­s, et les choses les plus originales que les gens puissent imaginer».

Aux Pays-Bas, les jeunes entreprene­urs se rappellent en riant d’une vidéo tournée dans les années 1990, dans laquelle on demandait à des passants interpellé­s à Amsterdam s’ils étaient intéressés par un téléphone portable, souligne Stefan Witkamp, le fondateur d’Athom, une firme spécialisé­e dans les maisons intelligen­tes.

«Aujourd’hui il est devenu impensable de ne pas avoir de téléphone portable», dit-il.

Le gadget Homey conçu par sa firme réunit en un seul système différents appareils reliés au web. Un scepticism­e comparable touche aujourd’hui les appareils intelligen­ts, croit-il.

«Les gens demandent, pourquoi est-ce que j’aurais besoin de contrôler ma musique avec mon téléphone intelligen­t?, demande M. Witkamp. Pourquoi est-ce que j’aurais besoin de contrôler ma maison à distance? Mais il est très possible qu’on se demande dans cinq ans comment on pourrait ne pas vouloir le faire.»

En réalité, il est beaucoup plus facile de relier un appareil au web que d’inventer un robot qui fera le ménage.

Oui, des aspirateur­s robotisés nettoient déjà les planchers, mais le niveau d’intelligen­ce requis pour accomplir les tâches ménagères aussi bien qu’un humain n’est encore qu’un rêve des inventeurs. Au lieu de ça, les robots qui arrivent sur le marché ne sont souvent que des jouets ou des assistants personnels. Mais on ne peut pas reprocher aux inventeurs de ne de pas essayer.

«Nous avons mis 13 ans à en arriver là», dit Shin Shakane, le fondateur et pdg de la firme japonaise Seven Dreamers Laboratori­es.

Son plieur de lessive «Laundroid» - et son rival, le FoldiMate, lui aussi présenté à Vegas - est une merveille d’ingénierie qui met inévitable­ment en relief les limites de la technologi­e actuelle.

La machine de M. Sakane a la taille d’un pupitre. Elle est munie de bras robotisés cachés et d’yeux électroniq­ues qui peuvent distinguer les différents vêtements.

«C’est un matériel doux, dit M. Sakane en tenant une serviette. Ça pourrait être un chandail. C’est difficile de faire la différence.»

Offerte pour 16 000 $ US, la machine peut plier 30 vêtements par cycle, mais son efficacité laisse à désirer. Elle met dix minutes à plier un chandail - ce qui veut dire qu’elle a besoin de six heures pour plier une brassée.

Le FoldiMate prétend être plus rapide, mais la compagnie s’est présentée à Vegas pour une deuxième année de suite sans prototype fonctionne­l. Le fondateur et pdg Gal Rosov espère que la machine sera prête à la fin de 2019.

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Envie d’un robot comme compagnon? La société AvatarMind a présenté son iPal cette semaine. - Associated Press

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