INQUIÉTUDES ET ESPOIRS AU N.-B.
LES ÉTATS-UNIS POURRAIENT SE RETIRER DE L’ALÉNA
«Il y a un nuage sombre qui plane audessus de nos têtes», confie le PDG du Conseil économique du NouveauBrunswick, Thomas Raffy.
Pas de doute pour lui, la perte des privilèges commerciaux que pourrait engendrer la disparition de l’ALÉNA aurait des conséquences lourdes sur le Nouveau-Brunswick.
Avis partagé par le directeur général de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante au Nouveau-Brunswick, LouisPhilippe Gauthier.
«Le Nouveau-Brunswick est la province du Canada qui a le plus haut taux d’exportations vers les États-Unis. À la question de savoir si un retrait des États-Unis aura un impact, la réponse est oui. [...] Quand plus de 90% des exportations sont à destination des États-Unis, c’est évident que ça pourrait avoir un impact assez lourd.»
Si de nombreuses sphères économiques pourraient être touchées - comme l’industrie agroalimentaire, la vente en ligne ou le transport - un secteur inquiète tout particulièrement au Nouveau-Brunswick: l’industrie forestière.
«Le secteur du bois d’oeuvre, je pense que c’est là que ça va faire le plus mal, explique M. Raffy. L’industrie forestière du NouveauBrunswick emploie quand même directement de 22 000 à 25 000 personnes.»
Si l’ALÉNA vient effectivement à disparaître, le coup promet ainsi d’être dur. Mais pas question de se laisser abattre pour autant. Si les États-Unis annoncent leur retrait prochainement, un préavis de six mois débutera au cours duquel les entreprises du Nouveau-Brunswick pourront se préparer au futur.
«On ne peut pas réellement savoir ce qui se passera, mais ce que l’on peut faire, c’est se préparer en conséquence, étudier de nouvelles options», déclare M. Raffy.
Si les États-Unis sont le principal partenaire pour de nombreuses entreprises néobrunswickoises, celles-ci ont de nouveaux marchés vers lesquels se tourner.
Dans le viseur du Conseil économique du Nouveau-Brunswick, notamment, l’Union européenne. L’accord commercial entre le Canada et 28 pays européens, en application provisoire depuis septembre 2017, pourrait être une autre option si l’ALÉNA tombe à l’eau.
«Je pense qu’il y a une occasion pour se tourner vers l’Union européenne. L’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada offre des occasions surtout pour nos entreprises francophones. Vu qu’on a déjà signé un accord avec l’Union européenne, que les paramètres et l’encadrement sont déjà en place, il suffit maintenant d’en tirer profit.»
L’économie néo-brunswickoise n’est ainsi pas encore condamnée. En plus du commerce vers l’Europe, les acteurs économiques de la province espèrent qu’une entente bipartite se renégociera entre les États-Unis et le Canada et que certains liens commerciaux entre les deux pays perdureront.
Toutefois, Thomas Raffy rappelle que la situation aujourd’hui suscite «de l’incertitude et de l’inquiétude ». Et Louis-Philippe Gauthier de préciser que, quoi qu’il arrive, «les exportateurs rattachés au marché américain suivent le dossier de très près.»