«IL N’Y A PAS ENCORE ASSEZ DE FEMMES»
POLITIQUE MUNICIPALE: QUATRE ÉLUES TÉMOIGNENT
Viviane Baldwin a pris conscience du faible nombre de femmes élues au municipal lors de son élection comme mairesse du village de Maisonnette, il y a deux ans.
«Avant de me lancer en politique, je ne m’étais pas posé la question à savoir si j’avais ma place et si c’était un enjeu que je sois une femme. Mais quand j’ai commencé à la mairie et que j’ai rencontré les autres maires de la Péninsule acadienne, je me suis aperçue que sur 14, nous étions trois», raconte-t-elle.
Depuis, la jeune femme de 24 ans a très conscience de l’absence de parité et des obstacles auxquels font face les femmes. Au point où elle se demande si elle se présentera à nouveau aux prochaines élections, en 2020.
«Je pense déjà aux prochaines élections et je ne sais pas si je vais me présenter parce que je m’attends à avoir des enfants. C’est la mère qui porte l’enfant pendant neuf mois. Je pense que c’est un des gros obstacles et par la suite, il y a toute la question du gardiennage», explique Viviane Baldwin.
Elle pense toutefois qu’il est possible de mettre en place des mesures simples pour aider la conciliation travail et implications politiques, comme rembourser les frais de gardiennage des élus pendant les réunions.
En plus d’être une femme, la mairesse est jeune et elle poursuit des études à temps plein au campus de Moncton de l’Université de Moncton, un autre défi qui se terminera en avril.
«Je n’ai jamais eu de commentaires négatifs par rapport au fait que je suis une femme. Le fait que je suis jeune est revenu par contre. Mais ça aussi, je pense que c’est une idéologie qui est sur le point de changer», croit-elle.
«C’EST UN MONDE D’HOMME»
La perception du rôle des femmes et l’attitude de certains hommes en politique peuvent aussi être un défi, pense la mairesse de Saint-Quentin, Nicole Somers. Selon elle, les femmes ont tendance à être cantonnées dans des tâches plus invisibles. «S’il y a une majorité d’hommes et que tu es une ou deux femmes, tu te fais regarder comme la secrétaire du comité. Nous avons cette place de subordonnée. Dans un comité majoritairement composé d’homme, je ne sais pas si c’est vers elle qu’on va se tourner pour être la présidente», soutient Nicole Somers.
Elle recommande toutefois chaudement aux femmes de s’impliquer si elles le souhaitent et pense qu’elles peuvent changer les choses.
«Si j’avais un mot à dire à une autre femme qui veut se présenter en politique, je lui dirais: ‘‘va en politique municipale et commence ton apprentissage là’’», lance-telle.
Mais Nicole Somers offre également une mise en garde.
«Dans un monde d’hommes, il faut que tu pousses comme un homme. Il faut pousser pour se faire connaître et pousser faire sa place», croit-elle.
Si la mairesse de Saint-Quentin n’a pas la langue dans sa poche et a une bonne feuille de route, elle ne se sent pas prête à aller à un niveau supérieur.
«J’ai été sollicitée pour être en politique provinciale aux prochaines élections et c’était un ‘‘non’’ catégorique. Autant que j’ai fait de la politique municipale, autant que je ne suis pas prête à aller en politique provinciale. C’est un terrain de jeu beaucoup trop grand pour moi», pense-t-elle.
«C’est un monde d’homme. Avant que les femmes percent ça, ça va prendre du temps. Avant qu’on fasse notre place, qu’on change les choses et qu’on se sente à l’aise. Moi j’ai trouvé ça difficile d’intégrer ça et d’arriver à être acceptée», raconte celle qui oeuvre dans le monde municipal depuis 12 ans.