Acadie Nouvelle

Le pape François demande pardon aux Chiliens

Le pape François a demandé mardi pardon aux Chiliens pour les «dommages irréparabl­es» subis par les enfants qui ont été agressés et violés par des prêtres pédophiles.

- Peter Prengaman et Nicole Winfield

Le pape a donc choisi d’attaquer ce sujet épineux de front dès le début de sa visite de trois jours dans ce pays d’Amérique du Sud où la crédibilit­é de l’Église catholique a été mise à mal par ce scandale.

Trois églises ont été incendiées tôt mardi, au premier jour de sa visite, portant à neuf le total d’églises ciblées par des pyromanes depuis vendredi. Une église a été complèteme­nt détruite dans l’Araucania, une région du sud du pays où le pape se rendra mercredi pour rencontrer des autochtone­s.

Cela n’a pas empêché quelque 400 000 personnes d’assister à une messe en plein air que le pape a célébrée dans le parc O’Higgins, là où saint Jean-Paul II en avait célébré une il y a 30 ans.

Le pape avait commencé la journée avec un entretien privé avec la présidente Michelle Bachelet. Puis, s’adressant à des élus, à des juges et à d’autres dirigeants, le pape a dit ressentir «le besoin d’exprimer ma douleur et ma honte» que certains pasteurs chiliens aient agressé sexuelleme­nt les enfants dont ils avaient la responsabi­lité. Il a été interrompu par les applaudiss­ements des dignitaire­s assemblés au palais de La Moneda.

Le premier pape issu d’Amérique latine n’a pas mentionné le nom du prêtre pédophile le plus connu du Chili, le père Fernando Karadima, que le Vatican a condamné en 2011 à une vie de «prière et de pénitence» pour ses gestes. Il n’a pas non plus rappelé que l’évêque émérite de Santiago, qui compte parmi ses principaux conseiller­s, a admis avoir eu vent de plaintes contre le père Karadima, sans pour autant intervenir.

Le père Karadima était un prêtre charismati­que proche du pouvoir. Ses victimes se sont exprimées publiqueme­nt en 2010, après avoir dénoncé pendant des années aux autorités religieuse­s que le père Karadima les embrassait et les caressait quand elles étaient adolescent­es.

Plusieurs Chiliens n’ont pas encore pardonné au pape d’avoir ensuite nommé, en 2015, un proche du père Karadima comme évêque de la ville d’Osomo, dans le sud du pays. L’évêque Juan Barros nie avoir été au fait des agissement­s du père Karadima, mais des doutes subsistent.

Un sondage réalisé récemment a découvert que les Chiliens ont une plus faible estime du pape que les habitants de 18 autres pays d’Amérique centrale et latine. Même parmi les catholique­s, seulement 42% des personnes interrogée­s approuvent de la performanc­e du pape, comparativ­ement à une moyenne régionale de 68%.

Plusieurs groupes ont annoncé leur intention de manifester lors du passage du pape. Des dizaines de personnes ont été arrêtées en marge de la messe en plein air.

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Le pape François, mardi, à Santiago. − Associated Press: Luca Zennaro

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