DE TRÈS MAUVAIS SOUVENIRS
Environnement Canada avait prédit de la neige et du grésil pour ce mardi matin, dans la Péninsule acadienne. Il ne s’était pas trompé. Alors que les flocons s’accumulaient au sol, les résidents de Caraquet et de ses environs s’organisaient pour faire face au passage d’un nouveau système dépressionnaire en provenance des Grands Lacs. Ici comme ailleurs, le temps fait réagir. «On se prépare», confirme Maurice Haché, de Pokemouche, au sortir du magasin Coop-IGA Extra.
Dans son chariot rempli de provisions s’accumulent des denrées alimentaires et une grosse bonbonne d’eau de 18 litres. Rita Boucher, de Bas-Caraquet, est venue s’approvisionner en fruits et légumes.
Quelles que soient les conséquences de ce nouveau cocktail météo, elle et son mari sont prêts à les affronter.
«On a du bois pour le poêle et une génératrice.»
De quoi tenir plusieurs jours au cas où l’électricité viendrait à manquer, comme l’année dernière. Dans la nuit du 24 au 25 janvier, une tempête de pluie verglaçante avait paralysé une bonne partie de la province, pendant près de deux semaines.
Dans la Péninsule acadienne, personne n’a oublié.
«Depuis la crise du verglas, les alertes météo me rendent plus nerveux qu’avant», reconnaît Alphonse Fournier, de Caraquet.
«On est plus vigilants, c’est certain», ajoute Maurice Haché.
Maurice Mourant, de Caraquet, reste marqué par l’épisode climatique exceptionnel de 2017. Il ne tient pas à le revivre.
«C’était démoralisant. J’étais démoralisé! Déjà qu’en hiver, on est plus sensible aux troubles d’humeur à cause du manque de soleil… C’était dur.»
Denise Blanchard, la gérante de la station-service Coop-Express sur le boulevard Saint-Pierre Ouest, observe une poussée de stress à chaque période de prétempête. Dans les heures qui précèdent, l’achalandage augmente.
C’était déjà le cas avant la crise du verglas, mais la tendance s’est considérablement accentuée depuis.
«On voit deux fois plus de monde qu’auparavant, témoigne-t-elle. Deux fois plus, facilement.»
Les automobilistes ne prennent aucun risque. La commerçante se souvient avoir servi une conductrice pour 10$ d’essence. C’était il y a dix jours, tandis que des pluies verglaçantes étaient annoncées.
«10$ d’essence, c’est rien. Son réservoir était quasiment plein. Elle est venue quand même. Elle disait qu’elle voulait être certaine de ne pas manquer de carburant.»
Les clients en profitent également pour remplir les fameux bidons rouges de différentes contenances, qui serviront probablement à alimenter une génératrice si nécessaire.
«On n’en voyait pas autant, avant», raconte Denise Blanchard.
Les caprices de Dame Nature inquiètent, et les gens posent question.
«Avoir de la pluie quand on devrait avoir de la neige, c’est pas normal», souligne Maurice Haché. Le verglas est ce qu’il appréhende le plus. «Ça complique les déplacements.» Rita Boucher, elle, redoute le vent. «Le froid ne me dérange pas. C’est correct, c’est de saison. Mais le vent… On ne peut pas aller marcher. On en a beaucoup depuis le mois dernier.»
Maurice Mourant constate lui aussi que les hivers qu’il a connus enfant ne ressemblent plus à ceux d’aujourd’hui.
«Ça illustre les changements climatiques et ça nous montre qu’il faut faire quelque chose pour les arrêter, ou du moins pour les freiner. Mais ça, c’est un travail de longue haleine.»