Acadie Nouvelle

Le discours sur l’état... du gouverneme­nt

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Chaque année depuis 1974, le premier ministre du Nouveau-Brunswick accepte de livrer un discours à l’invitation de la Chambre de commerce de Fredericto­n. Il profite de l’occasion pour vanter ses réussites, faire part de ses priorités et effectuer une annonce dont l’importance varie d’une année à l’autre. La formule a encore une fois été suivie à la lettre cette année.

Le Discours sur l’état de la province n’est pas un moment marquant dans l’année politique. On y retrouve surtout beaucoup de généralité­s et d’autocongra­tulations.

Qui se souvient qu’en 2016, le premier ministre Brian Gallant s’est engagé à faire du Nouveau-Brunswick la province la plus intelligen­te? Ou qu’il a promis en 2017 de travailler pour «une croissance économique soutenue», pour la réalisatio­n de l’oléoduc Énergie Est ainsi que pour des «soins de santé solides partout dans la province».

Le premier ministre saura toutefois vous pardonner de ne pas avoir été attentif à son discours de l’année dernière. Il a livré son discours devant une salle comble, à 250$ le couvert, alors que le tiers des foyers de la province étaient dans le noir et le froid en raison de la crise du verglas.

Un impair, un manque de respect et une absence de jugement majeurs. Le discours aurait dû être repoussé, comme l’a d’ailleurs ensuite été le dépôt du budget provincial.

Cela dit, si la plupart des convives apprécient surtout l’excellent repas qui est servi durant l’événement de même que les talents d’orateur du premier ministre, les journalist­es s’intéressen­t avant tout au contenu pour tenter de comprendre quelles seront les priorités du gouverneme­nt.

Lors de son discours de 2015, Brian Gallant avait mis la table pour les compressio­ns à venir. Il avait expliqué devoir faire des choix difficiles et qu’il faudrait du temps pour sortir la province du cycle des déficits.

Là-dessus, personne ne pourra l’accuser d’avoir doré la pilule. Le déficit a diminué sous le règne des libéraux, mais il n’a toujours pas été résorbé.

Cette année, le discours a été teinté par l’impact négatif sur notre économie de l’arrivée de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Plus de 90% des exportatio­ns néo-brunswicko­ises prennent la direction de notre voisin du sud. Inutile de dire que les mesures protection­nistes qui se multiplien­t depuis l’année dernière sont autant de mauvaises nouvelles pour nos entreprise­s.

L’administra­tion Gallant en a pris acte. Elle a promis des investisse­ments de 20 millions $ visant à améliorer la compétitiv­ité des entreprise­s à l’échelle internatio­nale.

Les domaines de l’énergie, des fruits de mer et de la forêt font partie des secteurs visés. Ce sont tous des milieux qui sont menacés d’être fragilisés par la guerre du bois d’oeuvre, par l’imposition de tarifs protection­nistes et par la fin possible de l’Accord de libre-échange nord-américain.

Comme c’est la coutume dans ce genre d’événements, le premier ministre a été avare de détails. Nous avons néanmoins appris que plus d’argent sera investi dans le Fonds des pêches de l’Atlantique, afin d’aider les producteur­s de fruits de mer à profiter de nouveaux débouchés commerciau­x sur le plan mondial.

Avec la signature d’un traité de libreéchan­ge avec l’Union européenne de même que la conclusion d’un traité commercial avec plusieurs économies du Pacifique, cette initiative de Fredericto­n tombe à point.

Une autre raison de s’intéresser au discours est le fait qu’il est prononcé à peine quelques jours avant le dépôt du budget provincial (le 2 février cette année). Il arrive ainsi que le premier ministre annonce à l’avance quelques initiative­s qui seront confirmées la semaine suivante.

Il n’a pas dévoilé de mégasurpri­ses, mais nous avons tout de même appris que la province entend intensifie­r son combat contre la tordeuse des bourgeons de l’épinette et qu’elle souhaite augmenter les exportatio­ns d’énergie.

Bref, les Discours sur l’état de la province sont bien plus l’état des réalisatio­ns et des intentions du parti au pouvoir qu’une véritable analyse de la situation économique, sociale et politique de la province. Celui-là n’a pas fait exception.

Néanmoins, les mesures annoncées cette année ont le mérite de répondre à des préoccupat­ions bien concrètes. L’exercice n’a pas été futile.

Une idée en terminant. Qu’est-ce qui empêche le premier ministre de livrer son Discours sur l’état de la province ailleurs que dans la capitale? Pourquoi ne viendrait-il pas l’an prochain le lire à Edmundston, à Moncton ou à Caraquet? D’autres organismes que la Chambre de commerce de Fredericto­n seraient fiers d’organiser un tel événement. Cela enverrait aussi un message fort que le Nouveau-Brunswick ne se limite pas à sa capitale.

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