«Même pas proche»
M. Doiron explique que la technologie ne réglera pas la pénurie de pilotes de sitôt, en raison des nombreuses années requises pour obtenir l’approbation des systèmes autonomes. Le plus grand défi sera toutefois de convaincre les passagers: le rapport de la firme UBS révèle que seulement 17% des personnes interrogées monteraient à bord d’un avion sans pilote. Même si le pilote automatique contrôle pratiquement la totalité des vols aujourd’hui, les passagers font surtout confiance aux pilotes. «La qualité d’un bon pilote est son jugement dans des situations critiques», a dit Pascale Alpha, une porte-parole de la multinationale CAE, qui offre des services de formation au pilotage. Elle croit qu’il faudra un bon moment avant que les avions commerciaux sans pilote soient prêts et acceptés par le public. Le président de l’Air Line Pilots Association - Canada, le capitaine Dan Adamus, indique que les pilotes ont adopté la technologie, mais qu’ils demeurent irremplaçables pour régler les problèmes qui peuvent survenir même avec les systèmes les plus sophistiqués. «Nous ne sommes même pas proches du moment où, d’après nous, les passagers seront prêts à sacrifier leur sécurité pour des vols plus abordables», a-t-il dit. L’intelligence artificielle sera éventuellement capable de gérer tous les scénarios imaginables, croit Tim Risen, de l’Institut américain d’aéronautique et d’astronautique. L’acceptation publique accompagnera le recours de plus en plus fréquent aux drones automatisés dans des secteurs comme l’agriculture et les ressources naturelles, ajoutet-il. «Tant que la sécurité est au rendez-vous (...) les gens commenceront à comprendre que cette technologie fonctionne vraiment comme on le prétend», dit M. Risen. La transition vers les avions autonomes nécessitera aussi de nouvelles règles. Transport Canada a dit que les discussions concernant cette technologie émergente n’en sont encore qu’à leurs balbutiements. La génération du millénaire est plus tolérante envers ce concept, mais personne ne saute de joie à l’idée de monter à bord d’un avion sans pilote, dit Stephen Rice, un professeur de l’université aéronautique Embry-Riddle qui a étudié les vols commerciaux autonomes. «L’industrie du transport aérien prendra beaucoup plus de temps que les voitures, mais je n’imagine pas d’avenir sans ça», a-t-il dit. - La Presse canadienne