Acadie Nouvelle

Germaine Duguay ne fait pas ses 100 ans

- Vincent Pichard vincent.pichard@acadienouv­elle.com

«Leur porte d’entrée était condamnée. On clouait une planche dessus. Ça voulait dire que les gens à l’intérieur étaient condamnés. On disait qu’ils étaient «planchés». Il ne fallait pas s’approcher.»

Elle a connu une époque exigeante, rongée par la famine et les épidémies. À 100 ans, Germaine Duguay reste une gourmande de la vie qu’elle dévore à pleines dents.

L’été dernier, à Lamèque, les 12 enfants de Germaine Duguay se sont réunis pour fêter son anniversai­re.

«C’était émouvant de les avoir pour moi», dit la matriarche.

Cela faisait 20 ans qu’ils ne s’étaient pas tous retrouvés. Pas facile de se rassembler quand certains habitent en ColombieBr­itannique, en Saskatchew­an, en Ontario et en Floride. Mais cette fois, aucun des enfants Duguay ne voulait manquer le rendez-vous.

Ils célébraien­t ses 100 ans. Concrèteme­nt, Germaine Duguay ne les avait pas encore l’été dernier. Sa date de naissance est le 9 février 1918.

«On a préféré organiser ça en avance parce que le jour de son anniversai­re tombe en hiver. C’est plus compliqué avec les risques de tempête», précise Carmène Duguay, une des filles de Germaine.

Du côté des aïeux de cette dernière, vivre vieux n’a rien d’exceptionn­el.

«J’ai des tantes qui sont mortes à 95, 97, et même 98 ans. Ma mère, elle, est décédée à l’âge de 96 ans», confie la centenaire.

Celle qui est la première des siens à franchir le cap symbolique du siècle d’existence poursuit: «Je n’ai pas l’impression de vieillir. Je ne suis pas stressée, je me sens heureuse.»

Il est loin le temps de son enfance sur l’île Lamèque où elle est née. À l’époque, se déplacer dans la province prenait des jours et nécessitai­t des chevaux. La grippe espagnole faisait rage et les malades étaient confinés.

Il n’y avait qu’un seul téléphone par paroisse et pas d’électricit­é. Les hivers étaient plus rudes que maintenant, assure-t-elle.

«On avait beaucoup plus de neige, et les chemins n’étaient pas dégagés. Mais on ne se plaignait pas.»

Qu’on ne s’y trompe pas, Germaine Duguay n’a rien d’une nostalgiqu­e qui regrette le passé. Elle suit son bonhomme de chemin, tout en s’informant de l’actualité et en s’adaptant à la modernité.

«Elle a une tablette numérique et s’en sert. Elle a un compte Facebook et passe des appels en vidéoconfé­rence avec ses petits-enfants et ses arrières-petits-enfants», souligne Carmène.

Elle et ses frères et soeurs sont ébahis par leur mère, qui vit chez elle en toute autonomie. Elle se déplace sans canne ni déambulate­ur et ne porte pas d’appareils auditifs. Il y a deux ans, elle conduisait encore. L’été dernier, elle entretenai­t seule son propre jardin.

«Elle fait son ménage. Elle cuisine», s’enthousias­me la fille Duguay.

L’entourage de Germaine raffole de ses pâtés aux palourdes et de son pain dont elle vérifie la cuisson rien qu’en le touchant. La vieille dame suscite aussi le respect du maire de sa municipali­té.

«C’est phénoménal de la voir à ce point lucide, vigoureuse et rayonnante. Ça démontre sa force de caractère et une incroyable attitude positive», déclare Jules Haché.

À ses yeux, Germaine Duguay est «un livre d’histoires», la mémoire d’une vie simple et bien remplie.

 ??  ?? Mamie gâteau et moderne, Germaine Duguay communique avec ses petits-enfants grâce à sa tablette numérique et les réseaux sociaux. - Acadie Nouvelle: Vincent Pichard
Mamie gâteau et moderne, Germaine Duguay communique avec ses petits-enfants grâce à sa tablette numérique et les réseaux sociaux. - Acadie Nouvelle: Vincent Pichard

Newspapers in French

Newspapers from Canada