Ultime tour de piste pour Jean-Michel Anctil
La tournée du 4e spectacle de Jean-Michel Anctil pourrait être bien sa dernière. L’humoriste préfère tirer sa révérence pendant qu’il est encore au sommet de son art. Il a cependant d’autres projets dans sa mire, notamment au cinéma.
«Le marché de l’humour a changé beaucoup. Il y a énormément de spectacles et de très bons spectacles et à un moment donné, je sens qu’il faut que je passe le flambeau. J’aime autant m’arrêter que de me faire dire que je suis dépassé», a déclaré l’humoriste au cours d’un entretien téléphonique avec l’Acadie Nouvelle.
En tournée avec son spectacle depuis 2016, il débarque au Théâtre Capitol à Moncton vendredi afin de participer au Gala des Rendez-vous de la Francophonie présenté dans le cadre du Festival HubCap. Il donnera un avant-goût de son 4e spectacle pour ensuite revenir au Nouveau-Brunswick en juin afin d’offrir l’entièreté de ce spectacle. Il estime qu’il lui reste environ une année de tournée. Après ce sera terminé, assure l’humoriste âgé de 51 ans.
«Je considère que c’est le meilleur de mes quatre spectacles. Quand j’ai commencé la tournée, ce n’était pas dans ma tête de dire Dominique Léger devient la nouvelle responsable de la programmation du Festival international du cinéma francophone en Acadie (FICFA). Pour l’appuyer dans ses nouvelles fonctions, elle sera entourée d’un comité de cinq conseillers, dont l’ancienne directrice de la programmation Marie-Renée Duguay. Sylvie Mousseau
Dominique Léger admet qu’elle aura de grands souliers à chausser, mais elle se sent d’attaque. Celle qui occupait depuis deux ans le poste de chargé de projet au FICFA et qui détient un baccalauréat en études cinématographiques de l’Université Concordia y voit une occasion inouïe d’utiliser l’ensemble de ses connaissances.
«J’ai vraiment envie d’explorer le concept de programmation. Ce n’est pas juste de choisir des films, mais de voir comment on place les films ensemble afin d’avantager le dialogue entre les réalisateurs et le public. J’ai extrêmement hâte que c’était le dernier. Mais plus la tournée avance, plus je me dis que ça peut être une belle sortie. Je vais continuer à faire de l’humour, à écrire des numéros et à faire partie de ComédiHa, mais ça va être ma dernière tournée de spectacles», a-t-il affirmé.
Au début des années 2000, après la tournée de son spectacle à succès l’humoriste avait pris une pause de six ans à la suite d’un épuisement. Cette fois-ci, c’est autre chose, assure-t-il. Il a toujours le goût de la scène, mais il ne pense pas qu’il aura envie de créer un nouveau spectacle pour repartir sur la route dans quelques années.
«La période d’écriture et de création, ce n’est pas une période où je suis le plus agréable parce que je remets tout en doute, j’angoisse, je me questionne, je stresse et ça, je n’ai pas le goût de me replonger là-dedans. Maintenant, il faut mettre aussi sinon plus d’énergie à promouvoir le spectacle avec les réseaux sociaux et je n’ai plus le goût de ça. Je me dis: finissons la tournée avec le meilleur de mes et je vis très bien avec ça.»
Pour cette ultime tournée, Jean-Michel Anctil s’est inspiré d’abord de la notion de changement. Le vieillissement, l’entraînement physique, son poids, la recherche de perfection et le regard des autres figurent parmi ses thèmes de prédilection.
«Il y a un numéro où je parle des petits moments parfaits de la vie et cela n’a pas besoin d’être grandiose. Ce sont de petits moments dont on ne profite pas toujours quand d’explorer toutes ces possibilités.»
La programmatrice originaire de Moncton, qui se passionne pour le cinéma depuis longtemps notamment grâce au FICFA, a co-réalisé un court métrage dans le cadre du dernier événement Objectifs obliques du festival.
«Au FICFA, on est là pour encourager le cinéma acadien avant tout. On voit une nouvelle relève de cinéastes acadiens et je sens un peu que je fais partie de cette relève. En tant que directrice de la programmation, je suis là pour mettre en avantplan le travail de mes collègues de la relève et faire valoir le cinéma acadien pendant le festival», a-t-elle partagé.
Comme chargée de projet, elle assistait le directeur général Marc Gauthier dans ses fonctions. Elle s’occupait aussi de la billetterie pendant le festival. Elle considère que Marie-Renée Duguay et le FICFA sont un peu responsables de son cheminement.
«Quand j’ai commencé à aller au FICFA quand j’étais adolescente. C’est ça qui a suscité ma passion pour le cinéma et m’a fait vouloir étudier en cinéma. On a dit de Marie-Renée Duguay qu’elle était le visage on les vit. Si j’avais un titre à donner aujourd’hui, j’appellerais ça un petit moment parfait parce que c’est ce que je veux que les gens vivent pendant la soirée et moi j’en passe un moment parfait avec le public.»
Ce spectacle a été l’occasion de revoir un peu la forme de ses numéros en délaissant les costumes de ses personnages même s’il continue d’incarner Priscilla et Râteau sur scène. Avec son frère Dominic Anctil qui signe la mise en scène, il a fait ce choix afin de ne pas briser le rythme du spectacle. La plupart des numéros sont inspirés d’événements vécus; le public en apprendra donc davantage sur l’humoriste, notamment à travers ses défauts.
«Je suis très rancunier, susceptible, j’ai du festival.»
L’ancienne directrice de la programmation ne sera pas très loin puisqu’elle fera partie du comité de programmation avec quatre autres conseillers.
«Nous allons essayer de diversifier un peu la provenance des conseillers, en allant du côté du Québec et de l’Europe.»
La direction du FICFA a fait cette annonce au même moment où elle lance son appel de soumissions de film pour la programmation régulière du festival, qui se tiendra du 15 au 23 novembre. Pour une première année, le festival percevra des frais d’inscription pour l’ensemble des films, à l’exception de ceux en provenance de l’Atlantique.
«C’est devenu une norme dans les festivals. Quand il y a un frais d’associé, les gens y pensent à deux fois avant de soumettre un film, donc ça filtre un peu plus les films. Ça reste quand même très accessible (10$ pour un court métrage et 15$ pour un long métrage)», a précisé Dominique Léger.
Le festival reçoit entre 400 et 500 soumissions par année dans le but de sélectionner environ une centaine d’oeuvres mauvais caractère, impatient, et je suis colérique parce que je me fâche auprès d’objets inanimés et le reste on va le découvrir pendant le spectacle», lance-t-il en riant.
L’humoriste québécois, qui a vécu à Edmundston pendant trois ans, adore revenir au Nouveau-Brunswick pour présenter des spectacles. Il aime tellement ça qu’il a entamé sa dernière tournée au Nouveau-Brunswick en 2016. Il sera de retour à Caraquet, les 6 et 7 juin et à Moncton, les 8 et 9 juin.
«Ce qui a de plaisant quand tu vas dans certaines régions, c’est que le public attend le spectacle depuis longtemps et ils sont extrêmement généreux. On le sent dans le public. Ça nourrit un humoriste d’avoir un retour du public. Souvent, le est un peu plus long parce que je joue avec ça et j’improvise avec le public.»
Jean-Michel Anctil a plusieurs projets, dont l’écriture d’un scénario de film déjà entamé. Il incarnera aussi le rôle d’un père de famille dans le prochain film de Denis Côté. Il adore l’ambiance des plateaux de tournage et le travail d’équipe.
«Je trouve ça le de pouvoir échanger et de regarder le travail des autres. J’ai hâte au prochain tournage malgré le fait que mon personnage est pas mal tout seul dans le film.»
L’humoriste offrira environ 45 minutes de spectacles en deuxième partie du Gala des Rendez-vous de la Francophonie vendredi soir. Le gala affiche déjà complet. Les humoristes Alexandre Douville, Roger LeBlanc, Robert Gauvin, Mélanie Couture, Sylvain Larocque et Christine Morency assureront la première partie. pour sa programmation régulière. Les réalisateurs ont jusqu’au 13 juillet pour soumettre leur film.