DES «ANGES» AU CHEVET DES MOURANTS
Les bénévoles des Services palliatifs communautaires Beauséjour donnent de leur temps chaque semaine pour rendre visite aux personnes proches de la mort. Avec leurs sourires et leurs attentions, ils leur offrent une fin de vie digne et apaisée.
Ces bénévoles au grand coeur passent environ quatre heures par semaine au domicile de malades en phase terminale. Ils les accompagnent lors de rendez-vous et leur proposent diverses activités: coiffure, lecture, jeux de cartes...
Être bénévole accompagnant, c’est assurer une présence bienveillante et être à l’écoute. Leur engagement apporte du réconfort, mais aussi un répit bienvenu aux aidants naturels, les proches qui s’occupent du mourant.
«C’est comme une bouffée d’air frais dans la maison, il y a des personnes qui sont 24h sur 24 avec le malade. Les clients sont souvent surpris que des gens viennent les voir sans être payés, parfois il y a les larmes qui coulent», raconte Monique Savoie, la coordonnatrice du programme.
L’organisme à but non lucratif peut compter sur une trentaine de bénévoles qui offrent leurs services gratuitement dans les régions de Shediac et de Moncton ainsi que dans le comté de Kent.
Le plus gros du financement est assumé par le réseau de santé Vitalité. Mme Savoie reçoit les demandes d’accompagnement des équipes du programme extramural. Elle rencontre ensuite les familles pour évaluer les besoins sur place, avant de choisir la personne la plus appropriée pour suivre le mourant jusqu’au bout.
Cette semaine, huit nouvelles recrues ont suivi une formation au Centre multifonctionnel de Shediac. Pendant quatre jours, elles en ont appris davantage sur la relation d’aide, les situations d’urgence, le deuil ou encore la communication avec le mourant.
Si l’idée de côtoyer la mort de près effraie certaines personnes, ce n’est pas le cas de Rachelle Robert. Elle a décidé de s’impliquer après le décès de son père, emporté par la maladie.
Rachelle se sent prête à aider les clients à finir leurs jours dans la sérénité, et à vivre aussi activement jusqu’à la fin.
«Parfois la présence c’est juste ce dont ils ont besoin. Il y a des gens qui meurent tout seuls, juste le fait d’être là ils se sentent moins seuls», ajoute-t-elle.
«C’est toujours triste de perdre quelqu’un. Si on peut permettre un beau départ et célébrer les belles choses qu’on a pu vivre avec cette personne-là, ça fait voir la mort différemment.»
DES «ANGES»
Pendant la formation, les bénévoles reçoivent pour consigne de garder une certaine distance avec le patient. En pratique, il est bien souvent souvent difficile de ne pas s’engager personnellement, reconnaît Mme Savoie.
«Nos bénévoles ont un grand coeur, il y a un attachement qui se crée même si elles restent professionnelles. Certaines bénévoles ont suivi des clients pendant un an, il y a des gros liens qui peuvent se créer avec la famille et le malade. Quand le décès survient, le bénévole doit parfois faire son deuil lui aussi...»
Ces volontaires ne remplacent pas les professionnels de la santé. Pas question pour eux de donner des conseils aux malades ou même de s’impliquer dans un éventuel processus d’aide à mourir. Ils peuvent tout de même changer les draps, aider à utiliser un urinoir ou donner le bain.
Autre impératif, la relation avec le mourant doit demeurer confidentielle. «Ce qui se passe dans la maison reste là et les clients font confiance aux bénévoles, insiste Monique Savoie. Ça arrive que le client s’ouvre à eux, et leur fasse des confidences qu’ils ne feraient pas à un membre de la famille.»
La majorité des bénévoles sont des femmes, jeunes retraitées capables de se libérer plus facilement. Certaines qualités sont essentielles pour remplir une telle mission: être calme, avoir une grande capacité d’écoute et faire preuve de compassion.
Les «anges» de Monique Savoie, comme elle les appelle, sont avant tout motivés par le désir de faire du bien autour d’elles.
«Les bénévoles me disent souvent qu’ils reçoivent plus qu’ils ne donnent. Juste savoir qu’ils ont fait du bien, ça les nourrit. Ils font ça pour les autres, mais ça les valorise aussi!»
«La mort est une étape de la vie, ditelle. Je ne vois pas ça comme quelque chose de négatif, je voudrais aider les gens à bien accueillir la mort.»