Baisser le chauffage pour payer ses médicaments…
Des sacs d’épicerie moins remplis et des logements plus froids: voilà le sacrifice qu’ont dû faire des centaines de milliers de Canadiens afin de pouvoir acheter des médicaments en 2016, l’année évaluée par une récente étude pancanadienne sur le sujet. Stéphanie Marin
Celle-ci a été réalisée par des chercheurs de l’Université de la Colombie-Britannique, l’Université Simon Fraser, l’Université McMaster et l’Université de Toronto. Elle a été publiée mardi dans la version en ligne du Journal de l’Association médicale canadienne.
Il s’agit d’une première, les études précédentes ne s’étant pas penchées sur les conséquences vécues par ceux qui ne prennent pas les médicaments prescrits.
L’un des constats de l’étude est que plus de 900 000 Canadiens ont réduit leurs dépenses pour des besoins essentiels: 730 000 ont coupé dans leur facture d’épicerie et 238 000 ont dû baisser le chauffage pour réussir à s’acheter des médicaments prescrits par un médecin, selon les estimations calculées à partir des résultats.
Il a été estimé que près de 1,7 million de Canadiens, ou 8,2% de ceux qui se sont fait prescrire un médicament en 2016, n’ont pas rempli l’ordonnance ou n’ont pas pris les médicaments tels que prescrits, en raison du coût.
S’il était déjà connu que de nombreuses personnes avaient de la difficulté à se payer des médicaments, l’analyse a permis de démontrer qu’elles doivent réduire les dépenses pour des choses essentielles à la vie pour les acheter, a précisé l’auteur principal de l’étude, Michael Law, professeur à l’Université de la Colombie-Britannique et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’accès aux médicaments.
Le Québec fait bonne figure: c’est la province où l’on retrouve le plus faible pourcentage de la population (3,70%) qui n’a pas pu remplir une ordonnance en raison du coût. «Et par une bonne marge», a commenté le professeur Law.
Les jeunes adultes, les gens à faibles revenus et ceux sans assurance-médicaments étaient plus nombreux à déclarer avoir des difficultés à s’offrir des médicaments. Ils étaient aussi plus nombreux à avoir eu besoin de soins de santé additionnels en lien avec la non-prise de médicaments.
«Cela suggère que si vous améliorez la couverture d’assurance pour les médicaments, oui, il y aura ce coût supplémentaire, mais vous devriez voir des économies, car les gens se rendront moins à l’urgence et dans les bureaux des médecins».