Carême pour les amoureux
Le carême ne pouvait pas mieux commencer cette année: le jour de la St-Valentin. Un clin d’oeil pour rappeler que le carême, c’est la saison des amoureux. Difficile de «faire carême» et de persévérer sans amour.
Le carême, c’est pour les amoureux de la vie. Pour les personnes qui veulent vivre leur vie à plein, au lieu de se complaire de clair-obscur. Le carême, c’est pour ceux qui vont vers la lumière.
Tant de réalités nous empêchent de vivre intensément: nous sommes souvent dépendants de nos conditionnements et de nos habitudes stériles. Le carême, c’est ouvrir de nouvelles possibilités. C’est préparer l’aurore de Pâques. Dieu est l’aube et le soleil du midi. Je suis la terre qui attend cette lumière pour porter du fruit.
L’amour de soi occupe une place importante dans l’esprit du carême. Les privations sont souvent en lien avec le corps: nous nous abstenons de dessert, nous sommes fidèles à notre entraînement physique, nous récupérons des heures de sommeil, etc. Cela témoigne que notre corps est une composante de notre personne à ne pas négliger.
Alors que l’Église perd du terrain avec la conséquence que de moins en moins de gens «font carême», il est étonnant de remarquer que ce qu’elle prescrivait autrefois, d’autres le font aujourd’hui. Vous avez entendu parler de ce mouvement populaire (qui grandit) pour inciter les gens à un mois sans alcool? Le mois de février devient ainsi pour plusieurs un mois «sec» pendant lequel la tempérance devient gage de santé.
S’abstenir de certaines choses pendant une période déterminée, cela est encouragé de nos jours. Des thérapeutes et des spécialistes de la santé ont pris le relais des clercs pour proposer une certaine tempérance. Ce contrôle et cette discipline sont gage de santé et d’amour de soi. Alors, «faire carême», est-ce si dépassé?
L’entraînement du carême est aussi motivé par l’amour des autres. Les privations peuvent nous rapprocher des autres. Le temps gagné en réduisant les heures passées sur «Facebook», c’est du temps à donner aux autres. Et les sommes économisées en se privant de telle ou telle gâterie, c’est de l’argent à partager avec les autres. Ce qui est retranché ou limité pendant le carême devrait ouvrir un espace à combler avec les autres.
D’ailleurs, il me semble qu’une résolution qui me lie aux autres a plus de chances d’être maintenue.
Elle contribue à la création (ou au maintien) de relations harmonieuses. Elle s’inscrit dans le jeûne que préfère le Seigneur: délier les liens du joug, défaire les chaînes injustes, partager le pain avec celui qui a faim (Is 58).
Enfin, pour les chrétiens, ce temps de préparation aux fêtes pascales permet de montrer à Dieu notre amour en consacrant davantage de temps à un dialogue avec lui. Pour certains, la prière peut s’avérer être un véritable combat. Il est difficile de tenir à ces quelques minutes que nous avions pourtant choisies de Lui consacrer. Aussi, les distractions sont si présentes que notre esprit est souvent en orbite autour de soi. La persévérance est de mise. Elle peut être récompensée: quarante jours, c’est parfois suffisant pour qu’une nouvelle habitude s’installe… en permanence!
L’amour de Dieu est au fondement du carême. L’amour que les fidèles ont pour Dieu.
Et l’amour de Dieu pour les siens. L’amour inspire et motive. Sans cela, le carême reste un désert aride. Mais avec l’amour, le désert devient verdoyant et fleurit. Allons-y!