Libre pensée réprimée
Cyrille Sippley, Saint-Louis-de-Kent
En décembre 2017, le gouvernement Trudeau implantait une mesure que l’on pourrait qualifier de répressive en exigeant des initiateurs de projets d’emplois étudiants qu’ils signent une attestation selon laquelle ils adhèrent à toutes les lois du pays régissant les droits de la personne, dont le droit à l’avortement, sous prétexte qu’il s’agit là d’une valeur constitutionnelle.
Le droit à la procréation inscrit dans la Charte canadienne des droits et libertés n’inclut pas ipso facto le droit à l’avortement. Il s’agit là d’une interprétation et d’une valeur ajoutée par des législateurs conformes à la philosophie du Parti au pouvoir.
L’attestation exigée par le gouvernement ne pénalise pas uniquement les employeurs, mais aussi, et surtout, les étudiants à la recherche d’un emploi d’été souvent crucial dans la poursuite de leurs études.
Que l’on exige de l’employeur que les fonds consentis dans le cadre du programme ne servent aucunement à des activités qui pourraient porter atteinte aux droits et libertés de tout citoyen canadien en vertu de la Charte irait de soi. Mais les obliger à renier certaines de leurs convictions religieuses, culturelles et personnelles et à renoncer à leur liberté de pensée et d’expression pour avoir droit aux fonds publics destinés à la création d’emploi, c’est verser dans la discrimination légiférée.
J’y vois un manquement à la Déclaration universelle des droits de la personne que le Canada a pourtant signée en 1948. À mon sens, cette exigence du gouvernement Trudeau pèche contre l’article 7 de cette proclamation qui interdit la discrimination, les articles 18, 19 et 20 qui confirment la liberté de pensée, de religion et de manifester ses convictions et l’article 23 qui souligne le droit au travail (pour les étudiants, dans ce cas-ci).
Cherche-t-on à réprimer les droits d’individus et d’organismes confessionnels dont les valeurs morales et culturelles sont ancrées dans les traditions et font partie des droits promulgués par la Déclaration universelle des droits de la personne? Est-ce le début de la répression de la libre pensée au pays, phénomène que l’on déplore dans certains États du monde? Doit-on craindre éventuellement la persécution et l’emprisonnement de dissidents politiques au Canada?
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