Acadie Nouvelle

Nouvel aide pour Haïti et confiance réaffirmée envers Oxfam Canada

- Mélanie Marquis

Alors que se précise l'ampleur du scandale de nature sexuelle ayant entaché Oxfam en Haïti, la ministre du Développem­ent internatio­nal implore les Canadiens de garder, comme elle, confiance envers l'organisati­on humanitair­e et ses travailleu­rs.

«Il faut faire la distinctio­n entre les différents Oxfam, mais il faut aussi faire la distinctio­n entre des individus et des organisati­ons. On ne parle pas d'une culture d'entreprise, loin de là», a argué MarieClaud­e Bibeau, lundi, en entrevue avec La Presse canadienne. Certes, «un cas, c'est un cas de trop», mais il faut éviter de généralise­r «quand on pense au nombre de travailleu­rs humanitair­es qu'on a dans le monde», a-t-elle insisté à l'autre bout du fil depuis la capitale haïtienne de Port-au-Prince.

La ministre a offert cette analyse quelques heures après qu'Oxfam eut publié un rapport partiellem­ent caviardé sur les allégation­s visant sept de ses employés, qui auraient eu recours à des prostituée­s dans ses locaux haïtiens après le séisme de 2010.

Elle a précisé qu'elle avait obtenu la garantie qu'aucun employé ni aucun fonds canadien n'était lié à la situation en Haïti, soutenant qu'il serait «dommage» que cette affaire ait un impact négatif sur la générosité de la population canadienne.

«J'ai encore une très grande confiance en Oxfam Canada, en Oxfam Québec. Ils m'ont fait la démonstrat­ion qu'ils avaient tous les processus en place pour faire de la prévention, et agir s'il y a quoi que ce soit», a expliqué Mme Bibeau.

La ministre, qui effectue actuelleme­nt sa troisième visite officielle dans l'île des Antilles, doit rencontrer mardi plusieurs dirigeants haïtiens, dont le premier ministre Jack Guy Lafontant, sept ministres de son gouverneme­nt, ainsi que le président Jovenel Moïse.

Celui-ci a prévenu vendredi dernier que le scandale d'Oxfam était «la pointe de l'iceberg» et réclamé d'autres enquêtes sur des organisati­ons non gouverneme­ntales (ONG) qui sont débarquées en Haïti après le séisme, nommant explicitem­ent Médecins sans frontières. «Ce n'est pas seulement Oxfam, il y a d'autres ONG qui sont dans la même situation, mais ils dissimulen­t l'informatio­n à l'interne», a dénoncé le président Moïse dans une entrevue accordée à l'agence de presse Reuters.

Faut-il s'attendre à ce que de nouveaux scandales de maltraitan­ce et d'exploitati­on n'éclatent au grand jour, que ce soit en Haïti ou ailleurs? La ministre Bibeau n'a pas répondu directemen­t à la question, mais elle juge que les actes répréhensi­bles de la sorte doivent être rapportés. «Je pense que ça se rattache à tout le mouvement #metoo, il y a l'effet de dénonciati­on, et c'est bien que ça se fasse. Il faut le savoir, il faut prendre des mesures encore plus importante­s pour éviter que ça se produise et pour sévir quand ça se produit», a-t-elle offert.

La solution passe aussi, en partie, par le financemen­t à l'étranger de mesures pour renforcer l'autonomie et le rôle des filles et des femmes, a exposé Mme Bibeau, qui a annoncé lundi une aide de 8,3 millions $ en appui à l'initiative Voix et leadership des femmes.

Le projet dirigé par le Centre d'étude et de coopératio­n internatio­nales s'articule autour de trois axes: le renforceme­nt du pouvoir économique des femmes, la lutte contre la violence basée sur le genre et l'améliorati­on de la participat­ion de femmes à la prise de décision.

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Le marché Hippolyte – ou Marché de fer – a été la proie des flammes ce weekend, à Port-au-Prince. – Associated Press: Dieu Nalio Chery

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