UN RÈGLEMENT JUGÉ DISCRIMINATOIRE À L’U DE M
À l’Université de Moncton, des barrières empêchent les étudiants internationaux d’accéder à certains programmes d’études. Youssef Aboud y voit une injustice. Selon lui, la sélection devrait être basée uniquement sur le mérite.
En 2011, Youssef Aboud a quitté le Liban après avoir été admis au baccalauréat appliqué en sciences de laboratoire médical de l’Université de Moncton.
À partir de la deuxième année, ce programme d’études était contingenté à neuf places. Un comité de sélection choisit les étudiants qui pourront l’intégrer en fonction de leurs notes, de leur prestation lors d’un entretien, mais aussi de leur origine.
Quelques semaines après la rentrée, Youssef reçoit un courriel du responsable du programme qui lui suggère de revenir sur son choix de formation. Le message précise que le comité de sélection «donne priorité aux résidents du N.-B.».
«Dans le passé, le comité a toujours reçu suffisamment de demandes de qualité en provenance de résidents du NouveauBrunswick pour réussir à remplir les neuf places. C’est donc dire qu’en tant que noncitoyen canadien, vos chances de poursuivre vos études dans ce programme en deuxième année sont faibles. À la lumière de cette information, je vous invite à vous questionner sur la pertinence pour vous de poursuivre vos études dans ce programme», écrit le responsable.
Youssef ne comprend pas pourquoi l’institution a accepté son admission alors que la porte lui serait fermée par la suite.
«C’était choquant pour un étudiant qui vient de quitter son pays, sa famille, qui est seul ici. D’une certaine façon, l’Université de Moncton m’a dit “Tu n’as pas ta place chez nous”, ça m’a blessé», raconte le jeune homme.
L’étudiant s’est vu refuser l’entrée au programme à trois reprises, en 2012, 2013 et 2014. Bien que ses résultats le plaçaient dans les premiers de sa cohorte, son statut d’étudiant international l’empêchait d’étudier dans le domaine qui le passionnait.
«Je ne voulais pas accepter ça, c’était devenu un défi personnel pour moi, j’ai décidé de me battre et de rester positif», poursuit Youssef.
«Tous les étudiants devraient être égaux et avoir le droit d’étudier dans n’importe quel programme s’ils le méritent.»
Sa persévérance a fini par payer. En 2015, six nouvelles places ont été ajoutées et Youssef a été intégré de justesse. La semaine dernière, il devenait le premier étudiant international à obtenir le baccalauréat appliqué en sciences de laboratoire médical.
Entretemps, il a complété un baccalauréat en biochimie, mais a finalement passé six années à l’université plutôt que quatre.
«C’est beaucoup de dépenses, confie-til. J’ai perdu deux ans de ma vie, ça m’a causé beaucoup de stress.»
Pour rappel, les droits de scolarité des étudiants internationaux s’élèvent à 10 685$ pour l’année 2017-2018.
Malgré des moments difficiles, Youssef Aboud retient principalement du positif de son expérience universitaire et espère pouvoir travailler en Acadie.
«Les gens sont gentils, respectueux, accueillants, c’est ça qui m’a aidé à rester au Canada. Ici c’est une belle place pour commencer.»