TROU NOIR: LES MANIFESTATIONS ONT PORTÉ LEURS FRUITS
À première vue, les manifestations organisées par les travailleurs saisonniers du Nouveau-Brunswick semblent avoir porté leurs fruits. Le gouvernement fédéral a prévu une série de mesures dans son plus récent budget pour adapter le régime d’assurance-empl
Le comité d’action sur l’assurance-emploi de la Péninsule acadienne se demande cependant si ces programmes seront efficaces.
De nombreuses manifestations ont eu lieu dans la Péninsule acadienne et dans le comté de Kent cet hiver. Les chômeurs craignent notamment l’impact du trou noir, soit la période entre la fin des prestations de l’assurance-emploi et la reprise du travail saisonnier.
«Les manifestations ont réussi à passer le message qu’il y avait un problème, particulièrement en ce qui a trait au trou noir. On se rend compte, en revanche, que le message a été entendu, mais il ne semble pas avoir été compris (…) Ça me paraît plus comme de la propagande de la part du gouvernement pour donner l’impression qu’il s’attaque au problème», dit Jean-Maurice Landry, membre du comité d’action et candidat néo-démocrate aux prochaines élections provinciales.
Dans son budget déposé mardi, le ministre fédéral des Finances a annoncé des investissements de 80 millions $ en 2018-2019 et de 150 millions $ en 2019-2010 par l’entremise des ententes sur le développement du marché du travail fédéral-provincial.
En misant sur des ressources existantes, Ottawa consacre également une somme de 10 millions $ en aide au revenu et à la formation.
«Dans les mois à venir, le gouvernement collaborera avec des provinces clés afin de formuler conjointement des solutions locales qui pourront être mises à l’essai pour appuyer le développement de la main-d’oeuvre», peut-on lire dans le budget.
Aux yeux de M. Landry, le transfert de fonds fédéraux vers les provinces ne constitue pas le meilleur moyen d’aider les travailleurs saisonniers. Bien trop souvent, les programmes existants au Nouveau-Brunswick les pénalisent déjà, estime-t-il.
«Il y a deux personnes avec qui je suis en contact qui se sont fait refuser l’accès à des programmes de formation, alors ce n’est pas nécessairement un programme universel. Ensuite, il faut assumer les frais de déplacement et attendre environ 5 à 6 semaines pour obtenir un remboursement et des indemnités de l’assurance-emploi.»
D’ailleurs, les travailleurs saisonniers n’ont pas nécessairement besoin de formation, car ils connaissent déjà bien les rouages de leur métier. Ils ont plutôt besoin d’un moyen de toucher à un peu plus de revenus pour faire le pont entre deux périodes d’emploi, argumente-t-il.
OTTAWA DOIT AGIR RAPIDEMENT
Pour que les nouvelles mesures aient de l’impact, les différents paliers du gouvernement doivent maintenant s’assurer que l’aide soit mis à disposition le plus rapidement possible, croit Jean-Claude Basque, porte-parole du Front commun pour la justice sociale, basé à Moncton.
«Les gens sont en crise maintenant. Il faut alors que la province bouge pour mettre en place des programmes d’aide. C’est une bonne chose que le fédéral ait mis quelque chose dans le budget, mais c’est clair qu’il y a urgence d’agir.»
Depuis plusieurs années, le Front commun pour la justice sociale suggère que le nombre d’heures nécessaires pour se qualifier à l’assurance-emploi devrait être fixé à 360 heures dans l’ensemble du pays. Dans la zone de Restigouche-Albert, qui comprend la Péninsule acadienne, les gens doivent travailler un minimum de 490 heures.