Les centaines de millions annoncés par Ottawa bien accueillis
Les centaines de millions $ pour les langues officielles annoncés par le gouvernement fédéral sont bien accueillis dans la francophonie canadienne. Les organismes se gardent cependant une petite gêne et attendront d’avoir plus de détails avant de sabrer le champagne.
Le budget 2018-2019, déposé mardi à la Chambre des communes, prévoit une enveloppe supplémentaire de 400 millions $ sur cinq ans pour appuyer le Plan d’action pour les langues officielles 2018-2023.
C’est moins que ce que demandait la Fédération des communautés francophones et acadienne, qui souhaitait plutôt qu’Ottawa débloque 575 millions $ de plus que dans le plan précédent (qui avait été été financé à hauteur de 1,1 milliard $ sur cinq ans) pour rattraper le terrain perdu au cours des dernières années.
Le président de la FCFA, Jean Johnson, voit tout de même d’un bon oeil cette injection d’argent. Il reste sur ses gardes puisque le Plan d’action 2018-2023 n’a pas encore été présenté (il est attendu ce mois-ci.)
«On est optimistes, parce qu’évidemment il y a du nouvel argent d’investi. Mais on l’approche avec prudence et une certaine réserve, parce qu’on ne connaît pas les détails au niveau de la distribution», dit-il en entrevue téléphonique avec l’Acadie Nouvelle.
Il rappelle que son organisation – qui regroupe 18 organismes provinciaux, nationaux et sectoriels, dont la Société de l’Acadie du N.-B. – avait demandé 575 millions $ additionnels sur cinq ans seulement pour les communautés francophones et acadiennes hors Québec.
Les fonds annoncés mardi dans le budget du ministre Bill Morneau seront consacrés à l’ensemble des communautés de langues officielles en situation minoritaire, donc aussi aux anglophones du Québec.
«Je n’ai aucun problème à ce que ce soit le cas, mais ça affecte la balance du montant total», dit Jean Johnson.
ll explique qu’il voit cette enveloppe supplémentaire comme un premier pas dans la bonne direction et qu’il compte maintenant proposer aux membres de la FCFA de poursuivre leur travail pour convaincre Ottawa «qu’un investissement dans nos communautés, c’est un bon investissement pour le Canada et qu’on doit augmenter et bonifier les ressources.»
Jean Johnson prévoit aussi rappeler au conseil d’administration de l’organisme que les prochaines élections fédérales approchent à grands pas. Il voit dans le dépôt du budget 2019-2020 (prévu quelques mois avant le scrutin d’octobre 2019) l’occasion de revenir à la charge pour demander des investissements supplémentaires.
UNE BONNE NOUVELLE
Le son de cloche est semblable à la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick. Son président par intérim, Joey Couturier, accueille favorablement l’injection de nouveaux fonds et se dit «content» de l’annonce.
«C’est sûr que c’est de valeur, parce qu’on demandait de 550 à 575 (millions $) et on n’a pas reçu tout le montant. Mais c’est quand même un montant extrêmement important qui a été annoncé», dit-il en entrevue téléphonique.
À l’instar de la FCFA et de bon nombre d’autres organismes francophones provinciaux et nationaux, la SANB reste aux aguets et a hâte au dévoilement du Plan d’action 2018-2023.
«On est content de voir que ça a (les 400 millions $ supplémentaires) été ajouté, mais on essaye toujours de comprendre où l’argent va aller, comment ça va être divisé. Ça, ce n’est pas clair dans l’annonce (de mardi).»
Joey Couturier espère que le gouvernement fédéral profitera de la présentation de ce nouveau plan quinquennal pour aider les nombreux joueurs du secteur communautaire francophone qui voient leurs ressources stagner depuis quelques années.
«La réalité de plusieurs organismes de représentation, comme la SANB, c’est qu’on vit avec un budget qui nous permet de survivre. Quand on ne fait que survivre, ça nous empêche souvent de développer des projets d’envergure, des projets sur le long terme.»