Acadie Nouvelle

De l’aide pour les médias, mais encore beaucoup de questions

- Francopres­se

Le budget fédéral prévoit deux nouvelles initiative­s pour aider la presse en difficulté. Une aide nationale de 50 millions $ sur cinq ans vise le journalism­e local. L’autre vise les médias en milieu minoritair­e dans le cadre du Plan d’action pour les langues officielle­s 2018-2023, lequel comprendra 400 millions $ de nouveaux fonds.

«Le gouverneme­nt comprend les défis auxquels sont confrontée­s les communauté­s de langue officielle», souligne l’énoncé budgétaire de 300 pages.

Les investisse­ments qui s’ajouteront au milliard du plan 2013-2018 porteront sur l’immigratio­n, l’éducation, la petite enfance, la justice, les activités artistique­s et culturelle­s, ainsi que les radios et journaux.

L’approche fédérale en matière d’aide aux médias rassure Marie Hélène Eddie, doctorante en sociologie à l’Université d’Ottawa, qui étudie le journalism­e au sein des minorités de langue officielle.

«On sait que tous les médias sont dans une situation difficile, mais que les médias en milieu minoritair­e sont dans une situation particuliè­rement délicate. Le gouverneme­nt semble comprendre l’urgence de la situation, que l’aide n’a pas besoin de viser tous les médias de façon égale.»

De 2009 à 2015, environ 43% des emplois liés à la presse écrite au Québec auraient disparu, ainsi que 27 quotidiens et 275 hebdomadai­res au pays. Un tiers des 50 radios et journaux en milieu minoritair­e seraient en péril et il n’est pas évident que les mesures annoncées changeront la donne. On attend la répartitio­n en mars des sommes promises dans le prochain plan d’action.

«Ce que demandent les médias communauta­ires, incluant la presse régionale angloquébé­coise, est modeste, déclarait en décembre le secrétaire général de l’Alliance des radios communauta­ires, François Côté. Si on accordait les 4,7 millions qu’on demande par année, on pourrait y arriver. On est loin des 650 millions $ que le gouverneme­nt a investi dans Radio-Canada.»

Selon le budget Morneau, les 10 millions $ par année dispensés à l’échelle nationale seront versés «à une ou plusieurs organisati­ons non gouverneme­ntales indépendan­tes qui soutiendro­nt le journalism­e local dans les communauté­s mal desservies.

Il pourrait s’agir de nouveaux moyens, pour les journaux, d’innover et d’obtenir le statut d’organisme de bienfaisan­ce en tant que fournisseu­r de journalism­e à but non lucratif, compte tenu de leurs services dans l’intérêt du public.»

LE STATUT D’ORGANISMES DE BIENFAISAN­CE

Marie Hélène Eddie est favorable à l’idée que l’aide transite par des structures indépendan­tes.

«Le gouverneme­nt avait suggéré qu’il ne financerai­t pas les modèles qui ne sont pas viables, ce qui avait beaucoup inquiété les médias, pour qui le virage numérique n’est pas rentable, du moins pour le moment.»

Que le fédéral accorde de l’argent par le biais de tiers, soutient-elle, signifie notamment que «les médias perçus comme ayant du mal à s’adapter ne seront pas pénalisés».

La chercheuse déplore qu’Ottawa n’ait pas retenu les solutions proposées par les groupes de presse.

«On ne parle pas du fonds d’aide aux périodique­s, ni du crédit d’impôt qui bénéficie aux géants comme Facebook et Google, ni des publicités fédérales, toutes des mesures proposées par les médias pour remédier à la situation.»

Le président de l’Associatio­n de la presse francophon­e, Francis Sonier, déplore que la question des publicités fédérales n’ait pas été mentionnée.

«C’est essentiel pour les journaux et c’est une question qu’on va continuer à soulever.»

Celui qui est éditeur et directeur général de l’Acadie Nouvelle se dit toutefois encouragé par les priorités du gouverneme­nt.

«Quand on mentionne les journaux deux fois dans un budget, c’est important. Ça veut dire qu’on a été entendus et que les journaux sont essentiels pour les communauté­s.»

Francis Sonier regrette que l’aide ne soit pas débloquée rapidement.

«On ne sait pas comment les fonds seront distribués. On attend les détails sur le plan d’action d’ici la fin mars. Le besoin est pressant.»

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