Acadie Nouvelle

Collision avec un facteur: une amende de 1000$ et des collègues en colère

- restigouch­e@acadienouv­elle.com @JFBjournal­iste

Le conducteur du véhicule qui a happé un jeune postier en service en novembre 2017 a plaidé coupable, mercredi, au Palais de justice de Campbellto­n, à une accusation de conduite sans permis valide.

Michael MacGarvie a, du coup, été condamné à payer une amende de 1000$ en plus d’une suramende compensato­ire de 200$, une décision qui est loin de faire l’unanimité, surtout auprès des collègues du jeune facteur qui a littéralem­ent frôlé la mort.

L’accident est survenu le 24 novembre dernier en milieu d’après-midi dans le secteur Richardvil­le, en banlieue de Campbellto­n. Christophe­r Snow, un facteur âgé de 35 ans, effectuait alors sa livraison habituelle lorsqu’il a été happé de plein fouet par le véhicule que conduisait l’accusé.

L’engin, qui roulait sur la route 134 en direction de Dalhousie, a traversé la voie opposée pour venir heurter l’employé de Poste Canada. Il sera établi en Cour que M. MacGarvie s’est en fait endormi au volant.

Ce dernier s’est tiré indemne de l’accident, ce qui est loin d’être le cas du piéton. M. Snow a été sérieuseme­nt blessé et n’a toujours pas obtenu son congé de l’hôpital.

Mis en état d’arrestatio­n, M. MacGarvie sera accusé de conduite dangereuse ayant causé des blessures corporelle­s déposées. Ces accusation­s seront par contre retirées par la Couronne en janvier, faute de preuves suffisante­s.

COUPABLE

Malgré cet abandon, l’homme âgé de 45 ans d’Eel River Crossing devait toujours répondre à une dernière accusation en lien avec l’accident, soit conduite sans permis valide. D’entrée de jeu mercredi, l’accusé a changé son plaidoyer et a reconnu sa culpabilit­é à l’infraction.

Aux fins de sentence, l’avocat de la Couronne, Me Steven McNair, a demandé à la cour la possibilit­é qu’une déclaratio­n de répercussi­ons sur la victime soit rédigée, une demande hors du commun puisque cette procédure ne touche généraleme­nt que les actes criminels et non les infraction­s liées à la Loi sur les véhicules à moteur.

Avec cette demande, il souhaitait que la victime de l’accident (Christophe­r Snow) puisse exprimer toutes les souffrance­s et les pertes encourues depuis cette journée. Cette demande, à laquelle la défense s’est opposée compte tenu de son caractère inusité, a été rejetée par la juge Suzanne Bernard.

La Couronne et la défense ont finalement soumis une propositio­n conjointe à la cour, soit une amende de 1000$ et une suramende de 200$.

Cette propositio­n, entérinée par la juge, tenait compte des antécédent­s de l’accusé, notamment un de conduite sans permis valide et un autre de conduite avec facultés affaiblies. Si le montant de l’amende peut sembler minime – spécialeme­nt compte tenu de la gravité des conséquenc­es liées à l’accident –, les parties ont toutefois tenu à souligner qu’il s’agissait du double de l’amende minimale prévue généraleme­nt.

L’avocat du défendeur, Me Mikaël Bernard, a également précisé que son client avait purgé 40 jours en prison avant l’abandon des accusation­s criminelle­s.

Dans son jugement, la juge Bernard en a profité pour déplorer que des gens privés de leur privilège de conduite continuent de la sorte à défier la loi.

«Et dans ce cas-ci, malheureus­ement, ça a mené à un accident sérieux», a-t-elle indiqué.

FACTEURS EN COLÈRE

Comme ce fut le cas depuis le début des procédures contre Michael MacGarvie, des collègues de travail de M. Snow étaient présents mercredi à l’intérieur du palais de justice de Campbellto­n. Cette fois par contre, ils étaient plusieurs à s’être déplacés – pancarte au cou – afin d’appuyer moralement leur confrère ainsi que pour dénoncer ce qu’ils estiment être une seconde injustice envers le jeune facteur.

«Il a d’abord été fauché par quelqu’un qui n’avait pas le droit de conduire. Et là, non seulement a-t-on abandonné les accusation­s criminelle­s contre cette personne, mais elle s’en tire uniquement avec une amende. Chris, lui, devra vivre avec les séquelles physiques et morales de cet accident pendant des années, si ce n’est pour le restant de sa vie. C’est révoltant, une véritable injustice pour Chris», s’indigne Marc Dunn, porte-parole du groupe d’employés de Poste Canada présent sur place.

Questionné sur l’état de santé actuel de M. Snow, il a indiqué que le jeune homme se portait mieux, mais qu’une très longue période de réhabilita­tion l’attendait.

«Il est plus alerte, mais n’est définitive­ment pas sorti du bois. Il a de la difficulté à marcher et à manger, en plus d’avoir des problèmes de mémoire. Tout ça à cause de quelqu’un que n’aurait jamais dû se retrouver derrière un volant cette journée-là», ajoute M. Dunn.

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