Un bon budget fédéral pour le N.-B.
Il est possible d’analyser un budget du point de vue des chiffres ou de celui de l’impact sur la population. Selon la vision choisie, le plus récent budget du gouvernement de Justin Trudeau est une réussite ou un colossal échec.
La première chose qui saute aux yeux en lisant le document déposé par le ministre des Finances du Canada, Bill Morneau, est le peu d’importance que celui-ci accorde à l’équilibre budgétaire. On ne retrouve d’ailleurs nulle part le mot déficit.
Contrairement au Nouveau-Brunswick, le gouvernement fédéral ne se donne plus la peine de faire semblant d’avoir un plan.
Lors de la campagne électorale, Justin Trudeau avait promis de petits déficits et un retour à l’équilibre en 2019. Non seulement ce ne sera pas le cas, mais les prévisions fédérales prévoient que nous resterons dans le rouge au moins jusqu’en 2023. Après? On ne le sait pas.
Ottawa ne semble pas non plus particulièrement préoccupée par la menace économique que représente le président américain Donald Trump. On ne retrouve aucune stratégie particulière visant à contrer ses mesures protectionnistes ou sa réforme fiscale. Un peu comme si cela n’avait aucun impact sur le Canada. Cela nous semble un tantinet irresponsable.
Bref, du point de vue strictement budgétaire, l’énoncé du ministre Morneau est un échec. Une famille qui gérerait son argent de cette manière se retrouverait à la rue dans le temps de le dire.
Le gouvernement Trudeau marque toutefois des points en offrant un chapelet de mesures.
Fait rare, un programme vise directement le Nouveau-Brunswick. À titre comparatif, notre province n’avait été mentionnée nulle part dans le budget de l’an dernier.
Cette fois, Ottawa annonce 75 millions $ pour un projet pilote sur les aînés et le système de santé dans notre province. Notre population vieillit plus rapidement que dans le reste du Canada. Avec cette initiative, le fédéral reconnaît notre situation particulière et montre son intérêt à financer des solutions.
Un très bon coup de Brian Gallant, qui avait fait un pèlerinage dans la capitale nationale en 2016 afin de vendre son idée. La capacité de notre premier ministre provincial de tisser des liens avec son homologue fédéral et d’arracher des fonds à Ottawa représente l’une de ses grandes forces. Nous sommes très loin des années Harper, pendant lesquelles le Nouveau-Brunswick était peu entendu et souvent ignoré.
Un autre gros morceau touche directement de nombreux Néo-Brunswickois, soit l’annonce de mesures visant à régler le problème du trou noir, cette période entre la fin des prestations d’assurance-emploi et la reprise du travail saisonnier.
Dix millions de dollars seront dépensés en aide au revenu et dans la formation ainsi qu’un total de 230 millions $ dans les deux prochaines années par l’entremise d’ententes avec Fredericton.
Ce n’est pas ce que cherchaient les saisonniers. Ils souhaitent plutôt des modifications au programme d’assurance-emploi, avec le redécoupage des zones, une augmentation du nombre de semaines de prestations et au changement au calcul des primes (avec le diviseur).
Ottawa ne va pas jusque là. Les manifestations ne se termineront pas de sitôt.
Reconnaissons toutefois que le compromis d’Ottawa est mieux que rien. Il ne fera pas l’affaire de tout le monde, mais il a le mérite de venir en aide à un certain pourcentage des travailleurs affligés par le trou noir.
Le gouvernement Trudeau a aussi eu une pensée pour l’industrie forestière, si importante au N.-B., avec 191 millions $ pour appuyer les emplois de même que la résolution des différends commerciaux devant l’Organisation mondiale du commerce et l’ALÉNA. Des millions seront de plus versés pour combattre la tordeuse du bourgeon de l’épinette.
Des mesures plus nationales auront aussi bien sûr un impact sur les Néo-Brunswickois.
Le congé fédéral de paternité sera bonifié pour ressembler à celui en cours au Québec, de loin le plus généreux au pays. Notons aussi que l’Allocation canadienne pour enfant sera désormais indexée. Les parents avec de jeunes enfants recevront donc plus d’argent.
Impossible, enfin, de passer sous silence la décision d’enfin éliminer le système de paie Phénix.
Des fonctionnaires de partout au pays, y compris au bien sûr au N.-B., sont touchés par ce fiasco, des plus importants bureaux gouvernementaux régionaux aux plus petites succursales de Postes Canada et de Service Canada. C’est sans oublier que le Centre des services de paye de la fonction publique, dont les employés sont pris au coeur de la tempête, est basé à Miramichi.
Le budget Morneau est loin d’être parfait. Il a toutefois un impact positif direct sur la vie de nombreux Néo-Brunswickois. Il y a là matière à réjouissances.