Acadie Nouvelle

SOUVENIRS DE CHARLINE LABONTÉ

- robert.lagace@acadienouv­elle.com @RobLagace

Au cours des 20 dernières années, seulement deux représenta­nts de la LHJMQ sont parvenus à enflammer de façon démesurée les médias écrits et électroniq­ues à leurs premiers pas dans le circuit. Sidney Crosby est bien entendu l’un deux. En 2003, son arrivée a catapulté l’Océanic de Rimouski parmi les équipes sportives les plus populaires sur la planète. Mais quatre ans avant Sid the Kid, il y a eu aussi Charline Labonté.

La «Charlieman­ia» a débuté dès le repêchage du 5 juin 1999 à Québec, plus précisémen­t au PEPS de l’Université Laval.

Léo-Guy Morrissett­e, qui avait promis d’ébranler le monde du hockey quelques jours avant cet encan, a fait patienter tout le monde jusqu’à la 11e ronde en sélectionn­ant la jeune gardienne au 174e rang.

Bien entendu, au départ, tous s’entendaien­t pour dire qu’il s’agissait d’un coup de marketing du coloré propriétai­re du Titan d’Acadie-Bathurst. Surtout que ce genre de truc était en plein son genre.

Sauf que c’était sans compter la volonté de ce petit bout de femme qui n’était alors âgée que de 16 ans.

Charline Labonté s’est non seulement bien comportée pendant le camp d’entraîneme­nt, mais elle s’est méritée le poste d’adjoint au portier numéro un Frédéric Cloutier.

L’engouement suscité par Labonté atteindra son paroxysme dès son premier voyage en sol québécois avec son équipe. Le 23 septembre, le Titan arrive à Drummondvi­lle et c’est la cohue dès la sortie des joueurs de l’autobus au Centre Marcel-Dionne. Les caméras de plusieurs réseaux de télévision sont là, sans compter les scribes des médias écrits et de la radio, en plus des nombreux curieux.

Labonté effectuera ses débuts hautement médiatisés ce soir-là en aidant son équipe à l’emporter 7 à 4 devant les Voltigeurs. Ramzi Abid (4-2) et Alexander Matieroukh­ine (1-5) lui donneront un sérieux coup de main en amassant chacun six points dans la rencontre.

Même en dépit des exploits de ses deux coéquipier­s, c’est Charline que les journalist­es voulaient en entrevue après la partie.

La lune de miel s’est poursuivie dès son retour au Centre régional K.-C.-Irving, où elle signe deux autres victoires consécutiv­es, cette fois-ci contre l’Océanic (5 à 3) et face aux Huskies de Rouyn-Noranda (5 à 1), où elle obtient d’ailleurs la première étoile de la rencontre.

Les deux parties ont été disputées devant plus de 3300 spectateur­s.

Si la «Charlieman­ia» s’est ensuite estompée, jusqu’à ce qu’un certain Adam Russo lui rafle son poste au début de la saison suivante, il n’en demeure pas moins qu’elle a, plus que n’importe laquelle recrue âgée de 16 ans dans l’histoire du Titan, eu un avant-goût de à quoi pouvait ressembler le quotidien d’une vedette internatio­nale.

Aussitôt son aventure avec le Titan terminée, celle avec l’équipe nationale s’est entamée peu de temps après. Et quel périple ce fut. Quadruple médaillée d’or olympique et triple championne du monde, sans oublier une multitude d’autres exploits aux niveaux universita­ires et profession­nels.

C’est un peu tout ça que le public du Centre régional K.-C.-Irving a applaudi, vendredi, avant le match contre les Voltigeurs.

«J’étais tellement jeune à mes débuts, affirme-t-elle. C’était fou. En même temps, c’est vrai que ma première victoire a été quelque chose de très spécial. Je me souviens très bien du match. Nous avions gagné 7 à 4 et Ramzi avait marqué trois ou quatre buts.»

«Les gars voulaient tellement m’aider à aller chercher cette première victoire. Et moi, je voulais aussi démontrer que je n’étais pas seulement là parce que j’étais une fille ou un coup de marketing. Je voulais prouver que j’étais également capable de me débrouille­r avec les garçons», raconte-t-elle.

«Cela dit, ce qui m’a marqué le plus lors de mon arrivée à Bathurst en 1999, ce n’est même pas le côté hockey. C’est plutôt la communauté. J’avais tellement trouvé les gens accueillan­ts et chaleureux. Je n’étais pourtant que la petite fille de Boisbriand qui arrivait de nulle part. Et là, tout d’un coup, je me faisais reconnaîtr­e dans un restaurant à Bathurst et on m’avait demandé de signer des autographe­s. À l’époque, ça n’avait rien de naturel pour moi», confie-t-elle.

«Vraiment, ma première année à Bathurst a été exceptionn­elle. Je n’aurais pas pu demander mieux. C’est pourquoi j’avais si hâte de revenir ici», ajoute celle qui dit avoir aussi un bon souvenir du fameux match de huit buts et deux passes de Mathieu Benoit.

Si Manon Rhéaume (1991, Draveurs de Trois-Rivières) et Charline Labonté sont les deux seuls femmes à avoir vu de l’action dans au moins un match de la LHJMQ, Labonté est aussi l’une des deux seules femmes à avoir été repêchés. L’autre étant Jenny Lavigne, en 1992, par l’Océanic.

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 ??  ?? Charline Labonté était de retour à Bathurst la semaine dernière. Elle n’a pas été oubliée. - Acadie Nouvelle: Robert Lagacé
Charline Labonté était de retour à Bathurst la semaine dernière. Elle n’a pas été oubliée. - Acadie Nouvelle: Robert Lagacé
 ??  ?? Charline Labonté en 1999, dans l’uniforme du Titan d’Acadie-Bathurst. - Archives
Charline Labonté en 1999, dans l’uniforme du Titan d’Acadie-Bathurst. - Archives
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