Acadie Nouvelle

Protection de l’eau: un jugement du Québec salué au N.-B.

- Jean-François Boisvert

Le jugement en faveur de la municipali­té de Restigouch­e-Sud-Est en Gaspésie, traînée en cour par la pétrolière Gastem, est chaudement applaudi par l’Associatio­n francophon­e des municipali­tés du Nouveau-Brunswick.

L’organisme provincial y voit notamment une forme de reconnaiss­ance de la gouvernanc­e municipale.

«On reconnaît la municipali­té comme étant un véritable palier de gouverneme­nt. Et c’est d’autant plus précieux que ça ne vient pas du fédéral ni du provincial, mais des tribunaux», souligne Frédérick Dion, directeur général de l’AFMNB.

Plus tôt cette semaine, une juge de première instance du Québec a donné raison à la petite municipali­té gaspésienn­e de 160 habitants dans le litige qui l’opposait à Gastem.

L’entreprise, rappelons-le, poursuivai­t la municipali­té pour 1,5 million $ après que celle-ci eut adopté (en 2013) un arrêté plus strict afin de protéger sa source d’eau potable. Cette réglementa­tion, qui interdisai­t tout forage à moins de deux kilomètres de tout puits artésien ou de surface, a du coup forcé Gastem à cesser ses travaux dans ce secteur. De là, la poursuite en dommage.

Du côté de la municipali­té, on a toujours allégué qu’il s’agissait là d’une poursuite abusive destinée à faire reculer les élus dans leur décision.

Ce bras de fer de plus de quatre ans vient donc de se terminer avec une décision en faveur de la municipali­té. La cour a également ordonné à la pétrolière de verser 164 000$ à la municipali­té pour couvrir les différents frais encourus par la procédure juridique.

Applaudie par l’Union des municipali­tés du Québec, cette victoire trouve également écho au Nouveau-Brunswick.

«La municipali­té a réussi un tour de force. Elle a réussi à faire valoir son autorité et sa capacité à protéger sa source d’eau. Et ça risque bien d’inspirer beaucoup d’autres municipali­tés», croit M. Dion, allant même jusqu’à parier que le jugement fera jurisprude­nce.

Selon lui, l’une des responsabi­lités premières des municipali­tés est l’aménagemen­t de son territoire, décider des règles entourant son développem­ent.

«S’assurer et protéger l’accessibil­ité d’une eau de qualité à ses citoyens fait partie de ces responsabi­lités fondamenta­les», estime M. Dion, appuyant du coup les efforts de la municipali­té de Ristigouch­e-Sud-Est en ce sens.

«Pour eux, c’est une immense victoire. Mais ce l’est aussi pour tout le mouvement municipal puisque cette victoire risque de déborder des frontières de la Gaspésie et même du Québec. Car même s’il s’agit d’une décision rendue dans le cadre de la législatio­n québécoise, on peut penser que cette cause aura un impact au niveau national», ajoute-til.

Selon lui, la victoire relève du principe de subsidiari­té, soit que la responsabi­lité d’une action publique – lorsqu’elle est nécessaire – revient à l’entité compétente la plus proche de ceux qui sont directemen­t concernés. Dans ce cas-ci, la municipali­té de Ristigouch­e-Sud-Est était (selon le jugement) la plus compétente afin de déterminer la façon de protéger sa source d’eau, plus compétente même que la législatio­n provincial­e.

Reste maintenant à voir si l’entreprise portera ou non le jugement en appel, une possibilit­é très probable selon M. Dion.

«Il s’agit d’un enjeu très important. Je ne serais pas surpris que cela se règle en Cour suprême», dit-il.

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François Boulay, maire de Restigouch­e-Sud-Est. - Archives

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