Acadie Nouvelle

Sauver les baleines et l’industrie du crabe

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Le ministère des Pêches et des Océans a provoqué une grande frayeur au sein de l’industrie du crabe des neiges, mais aussi dans le nord-est de la province, où sont principale­ment concentrée­s les retombées de ce secteur économique.

C’est une présentati­on du ministère des Pêches et des Océans (MPO) qui a jeté le feu aux poudres. Il ne suffirait qu’une seule baleine trouvée morte ou empêtrée dans des cordages pour que l’ordre soit donné de fermer la pêche. Une informatio­n que le ministre responsabl­e, Dominic LeBlanc, a démentie dès le jour suivant.

Tout cela découle du fait que 17 baleines noires, une espèce menacée d’extinction, ont péri au large de la côte est du Canada et des États-Unis l’été dernier, y compris 12 dans le golfe du Saint-Laurent.

Dix-sept animaux tués accidentel­lement, ça ne semble pas énorme. Bien plus de chevreuils et d’orignaux meurent chaque année sur nos routes.

Mais il ne faut pas oublier qu’il ne reste qu’environ 450 baleines noires dans le monde entier. À ce rythme, il n’en restera bientôt plus une seule.

Le MPO l’a compris. Les crabiers aussi. Afin de mettre fin à l’hémorragie, le gouverneme­nt fédéral a imposé pendant l’été 2017 des mesures, dont une limite de vitesse temporaire aux navires de plus de 20 mètres afin de prévenir les collisions.

À l’issue d’un sommet portant sur la question à Moncton en novembre, le ministre Dominic LeBlanc a annoncé de nouvelles exigences. En vertu de celles-ci, aucune corde servant à attacher un casier à crabe à une bouée principale ne pourra continuer à flotter à la surface de l’eau après la calée du casier. La longueur des cordages a été réduite. Ceux-ci devront être marqués afin d’identifier chaque casier à crabe et chaque pêcheur.

Tout cela rend plus compliqué le travail des pêcheurs. Il y aura des coûts supplément­aires importants. Mais nous n’avons pas le choix. À moins de déterminer une fois pour toutes que la survie de certains animaux ne vaut rien face à l’économie, il faut s’adapter.

Personne ne sait exactement pourquoi les baleines noires se retrouvent soudaineme­nt en si grand nombre dans le golfe. Les changement­s climatique­s sont les principaux suspects. L’écosystème de ces grands animaux marins change et ceux-ci réagissent en se déplaçant là où ils peuvent se nourrir.

Les baleines sont là. Les crabiers aussi. Ni les unes ni les autres ne quitteront les environs de sitôt. Il faut trouver des solutions. Au moins, nous sommes sur la bonne voie. Personne n’est dans le déni.

Cette collaborat­ion entre les crabiers et le MPO est essentiell­e. C’est pourquoi la bombe qu’à laissé tomber ce dernier était si surprenant­e.

En effet, cette déclaratio­n de «niveau de tolérance très bas, presque zéro» n’est pas tombée à brûle-pourpoint au détour d’une conversati­on, mais pendant une réunion du Conseil consultati­f du crabe des neiges.

Bref, elle était réfléchie. C’est uniquement après que la nouvelle ait fait la manchette de l’Acadie Nouvelle et que les crabiers se soient insurgés que le ministre LeBlanc, dont le travail n’est pas seulement de gérer la ressource, mais aussi des personnes et une industrie, a corrigé le tir. «La seule pensée que le ministre pourrait complèteme­nt fermer la pêche à la suite de la mort ou de l’empêtremen­t d’une seule baleine est complèteme­nt erronée.» Vive le retour du bon sens. Une étude remontant à 2010 révèle que les ventes générées au Nouveau-Brunswick par les crabiers étaient estimées à 270 millions $. L’industrie donnait du travail à 1900 personnes et injectait 140 millions $ dans l’économie provincial­e.

Il serait irresponsa­ble de mettre une croix là-dessus aussitôt qu’un cadavre de baleine fera surface. Les conséquenc­es seraient dévastatri­ces.

Les pêcheurs ont une part de responsabi­lité. La découverte récente par le MPO de 220 casiers dans le golfe du Saint-Laurent, dans une zone où pêchent normalemen­t les crabiers, ne fait pas bien paraître ces derniers. Il y a clairement des mauvaises habitudes à changer.

Nous n’avons pas le luxe de nous croiser les bras et de laisser les cétacés périr par notre faute, sans rien faire. Il serait suicidaire d’attendre qu’une campagne de boycottage du crabe des neiges voit le jour en Europe pour réagir.

Heureuseme­nt, tout le monde est consicent du problème, tant sur les quais que dans les bureaux des fonctionna­ires.

Il est possible de sauver les baleines sans détruire une industrie qui fait vivre tant de personnes, dans une région où l’économie est très fragile de surcroît. simplement du charabia, du baragouin. Et on se dit heureux du résultat. On se contente de peu. On doit éviter qu’un mot serve en même temps à deux différente­s langues: dans le cas présent, et le français et l’anglais. Ce qui n’est pas clair, n’est pas français. Il faut écrire «Shédiac» dans la partie française, et «Shediac» dans la partie anglaise du slogan. On doit aussi éviter l’usage de «j’me» au lieu de «je me» dans un slogan, surtout dans celui d’une ville. Dans le langage soutenu, l’apostrophe de «j’me» est toujours de trop. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. «Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage.» Boileau dixit.

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