Des profits honteux
Saint-Louis-de-Kent
On apprenait tout récemment que la Banque Nationale avait, une fois de plus, réalisé d’énormes profits au cours du trimestre se terminant le 31 janvier 2018, soit 550 millions $, une performance qui s’inscrit dans un cadre de compétitivité entre les institutions financières. On se fait une grande gloire de le proclamer haut et fort, car une aussi bonne gestion des investissements va sûrement renforcer la confiance des actionnaires et en attirer des nouveaux. Pour ma part, une telle nouvelle m’inonde d’amertume en songeant à la provenance de ces bénéfices. Là où ils représentent le fruit d’investissements à l’étranger, ces gains découlent souvent de pratiques usurières ou de l’exploitation de populations vulnérables. Les grands du monde financier subventionnent en effet des projets miniers, agricoles, forestiers, énergétiques ou touristiques qui ont habituellement un impact négatif énorme sur la vie des habitants des pays concernés alors que les actionnaires voient ainsi leurs investissements généreusement bonifiés. En Amérique du Nord, c’est à partir des frais de service et des intérêts perçus sur les prêts consentis et que la Banque Nationale, tout comme les autres institutions bancaires, accumule des millions qui servent surtout à enrichir les déjà bien nantis, car le citoyen moyen, lui, se voit contraint à accepter des taux de rendement ridiculement bas, compte tenu de la conjoncture, sur les quelques épargnes qu’il réussit à réaliser en prévision d’une retraite éventuelle. On semble avoir vite oublié que ce sont les contribuables canadiens et américains qui ont réussi, quoique bien involontairement, à sauver les grandes banques des affres de la faillite lors de la crise économique de 2008, grâce à des subventions substantielles consenties par nos gouvernements. Maintenant que la prospérité leur est revenue, ne serait-ce pas équitable que ces mêmes institutions remboursent aux contribuables les sommes considérables dont ils ont bénéficié lorsque la crise sévissait?