Les femmes réclament plus d’égalité et d’autonomie
Les femmes de l’Europe et de l’Asie ont profité jeudi de la Journée internationale de la femme pour réclamer plus d’égalité, de respect et d’autonomie.
Des manifestantes ont déclenché une grève de 24 heures en Espagne, pendant que des foules descendaient dans les rues de Manille, de Séoul et de New Delhi.
Une manifestation géante était prévue à Madrid, et à Barcelone les manifestantes qui ont essayé de bloquer les rues ont été repoussées par la police.
Les manifestations ont été plus calmes dans d’autres pays.
La Journée internationale de la femme est une journée fériée en Russie, mais la candidate présidentielle de l’opposition, Ksenia Sobchak, comptait parmi les rares manifestantes dans les rues de Moscou.
S’inspirant du mouvement #moiaussi, qui dénonce les inconduites sexuelles, Mme Sobchak a manifesté en solitaire devant la chambre basse du parlement pour demander la démission d’un élu bien vue à qui plusieurs journalistes reprochent de les avoir harcelées sexuellement.
Sur un ton plus léger, le quotidien français Libération a décidé d’illustrer l’écart salarial entre les hommes et les femmes en augmentant le prix réclamé aux hommes pour l’édition du jour: les hommes devaient débourser 50 centimes de plus que les femmes, puisque les femmes gagnent, en moyenne, 25 % de moins que les hommes en France.
Le magazine canadien Maclean’s avait fait exactement la même chose le mois dernier.
Les femmes se sont fait entendre à travers l’Asie. En Chine, des étudiantes de l’université Tsinghua ont profité de l’occasion pour se moquer d’une proposition d’amendement constitutionnel qui abolirait la limite au nombre de mandats présidentiels. Une bannière blaguait que le mandat d’un petit ami devrait lui aussi être illimité.
Les photos des affiches des étudiantes, comme tout ce qui concernait l’amendement proposé, ont rapidement été retirées des réseaux sociaux.
Des centaines de manifestantes vêtues de rose et de mauve ont défilé au centreville de Manille contre le président philippin Rodrigo Duterte, qu’elles accusent le pire transgresseur des droits des femmes de toute l’Asie. Les manifestantes ont chanté et dansé avec entrain sur la Plaza Miranda, en distribuant des fleurs aux mères, aux femmes et aux soeurs des trafiquants de drogue tués par les forces de M. Duterte.
En Afghanistan, des centaines de femmes qui n’auraient jamais osé sortir de chez elles sous le règne des talibans se sont rassemblées dans la capitale pour rappeler à leurs dirigeants que beaucoup de travail reste encore à faire pour assurer l’égalité des Afghanes, leur garantir l’accès à l’éducation et les protéger de la violence.
Des centaines de Sud-Coréennes, dont plusieurs vêtues de noir ou agitant des affiches #moiaussi, se sont rassemblées au coeur de Séoul. Le mouvement #moiaussi prend de la vigueur dans ce pays depuis janvier, quand une avocate a commencé à dénoncer publiquement les inconduites sexuelles et le harcèlement en milieu de travail. Le nombre de femmes qui parlent augmente de jour en jour.
Plusieurs Sud-Coréens bien en vue ont été contraints de démissionner, dont un gouverneur qui avait des aspirations présidentielles jusqu’à ce qu’il soit accusé d’avoir violé sa secrétaire à plusieurs reprises.
En Inde, des centaines de femmes - dont des étudiantes, des enseignantes et des travailleuses du sexe - ont défilé dans la capitale pour dénoncer la violence domestique, les agressions sexuelles et la discrimination en milieu de travail.
En Afrique, le président ougandais Yoweri Museveni a condamné la violence conjugale en traitant les agresseurs de poltrons. «Si vous voulez vous battre, pourquoi ne trouvez-vous pas un autre homme avec qui vous battre?», a-t-il demandé.
La Commission européenne a reconnu sur Twitter qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire avant que les femmes ne jouissent dans les faits d’une pleine égalité sur le continent.
Une des femmes les plus puissantes du monde, la chancelière allemande Angela Merkel, a abondé dans le même sens en publiant un message vidéo dans lequel elle dit que le combat pour l’égalité doit se poursuivre en Allemagne et ailleurs. Elle lance que «plusieurs femmes avant nous ont fait des sacrifices et lutté sans relâche pour que les femmes obtiennent davantage de droits (...) mais il reste encore beaucoup à faire».
En Belgique, une guerre ouverte oppose des groupes de femmes à la fédération de football depuis que cette dernière a confié à un rappeur connu pour ses paroles misogynes la composition de sa chanson officielle en vue de la Coupe du monde.