Acadie Nouvelle

Soins de santé: le cri du coeur d’une jeune maman de Saint-Quentin

«À Saint-Quentin, on n’a pas le droit d’être malade en dehors du lundi au vendredi de 8h à 17h», s’insurge Elaine Savoie. Admis aux urgences, son enfant en bas âge n’a pas pu bénéficier d’examens médicaux de base à l’Hôtel-Dieu SaintJosep­h de Saint-Quenti

- Simon Delattre simon.delattre@acadienouv­elle.com @Simon2Dela­ttre

Inquiétée par la fièvre de son garçon âgé de 20 mois, Elaine Savoie s’est rendue au service d’urgence de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph de Saint-Quentin le samedi 3 mars. Sur place, le médecin lui a annoncé qu’il ne lui était pas possible de poser un diagnostic.

«Le médecin aurait voulu faire une radiograph­ie mais sa machine était brisée. Il voulait vérifier le niveau de globules blancs, mais il ne pouvait pas le faire non plus parce qu’il fallait une technicien­ne de laboratoir­e et qu’elle ne travaillai­t pas la fin de semaine», raconte la mère du jeune Félix.

En concertati­on avec l’équipe médicale, la maman a finalement décidé de consulter d’urgence une pédiatre basée à l’Hôpital régional d’Edmundston. Elle a parcouru une distance de plus de 200 kilomètres aller-retour dans la soirée.

Elaine Savoie dénonce le manque de services médicaux disponible­s dans la région.

«Ton enfant est malade mais tu ne peux pas le faire soigner et il faut que tu roules de nuit en hiver, déplore-t-elle. On a été chanceux qu’il ne neige pas. Entre les orignaux et les nids de poules, la route 17 ce n’est pas la plus belle. Pour notre sécurité ce n’était pas bon, le petit criait et on était sur les nerfs. Est-ce qu’il va falloir attendre que quelqu’un meure pour qu’on bouge?»

Le manque de moyens a également éloigné Elaine Savoie de sa mère, actuelleme­nt hospitalis­ée à l’Hôpital régional d’Edmundston, faute de lits disponible­s à Saint-Quentin. L’hôpital ne dispose que de six lits, alors que celui de Perth-Andover en compte 26, dans une ville de plus petite taille et moins éloignée d’un hôpital régional.

La maman a partagé sa mésaventur­e sur les réseaux sociaux et plusieurs internaute­s ont réagi en disant avoir été forcés de voyager à Edmundston eux aussi. Mère d’un garçon de deux mois, Milaine Valcourt affirme avoir dû quitter la ville pour une simple prise de sang.

Cette situation n’est qu’un exemple de l’effritemen­t des services qui affecte l’hôpital depuis plusieurs années, estime la présidente du Comité permanent de la santé de SaintQuent­in Joanne Fortin.

«On envoie les patients à Edmundston à tout bout de champ pour des services de base qu’on devrait avoir à Saint-Quentin. C’est inacceptab­le avec les routes qu’on a en hiver. On ne demande pas des soins spécialisé­s, on demande des soins de base», lance-t-elle.

Appareils désuets, équipe toujours moins nombreuse, l’établissem­ent de santé du Restigouch­e-Ouest se transforme peu à peu en coquille vide, alerte Joanne Fortin.

«C’est désolant de voir que les médecins travaillen­t avec le strict minimum. La table de radiologie est un vieux dinosaure.»

En décembre, le comité a appelé le ministre de la Santé à maintenir et à rétablir une série de programmes jugés essentiels, mais amputés au cours des dernières années. Parmi eux, les services d’oncologie, de laboratoir­e, de coloscopie et de gastroscop­ie, d’hémodialys­e ou encore d’échographi­e.

La mairesse de Saint-Quentin, Nicole Somers, soutient ces démarches auprès du gouverneme­nt provincial.

«Il n’y a plus d’analyse de sang après 16h, confirme l’élue. Si un test de sang doit être fait en soirée, le médecin ou l’infirmière va envoyer le spécimen par taxi à l’hôpital d’Edmundston, mais ça va prendre plus de temps. Ce n’est qu’un des services qu’on avait dans le passé et qu’on a perdu. Certains postes n’ont pas été remplacés.»

Nicole Somers craint que la diminution de services médicaux ne décourage les travailleu­rs de venir s’installer dans le Restigouch­eOuest. «Mon souhait est qu’on garde des services de base dans la communauté 24h sur 24h, du fait de l’éloignemen­t, dit-elle. On est vraiment une île au milieu de la forêt.»

Thomas Lizotte, responsabl­e des communicat­ions au Réseau de santé Vitalité, confirme qu’un bris majeur de l’appareil d’imagerie médicale a forcé la fermeture de certains services pendant plusieurs jours.

Il assure que des réparation­s ont été effectuées et que l’appareil est désormais pleinement fonctionne­l.

En revanche, il n’a pas été possible de savoir si le service de laboratoir­e sera rétabli en dehors des heures de bureau. Le réseau de santé a publié le mois dernier une offre d’emploi pour un poste de technologi­ste de laboratoir­e médical.

Cependant, il s’agit d’un poste temporaire et l’offre d’emploi est toujours affichée sur le site internet de la régie francophon­e.

 ?? - Gracieuset­é ?? Martin Labrie et Elaine Savoie rêvent de ne plus avoir à voyager pour les soins du jeune Félix.
- Gracieuset­é Martin Labrie et Elaine Savoie rêvent de ne plus avoir à voyager pour les soins du jeune Félix.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada