Acadie Nouvelle

Rares sont ceux qui comprenaie­nt Stephen Hawking

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Pratiqueme­nt tout le monde avait entendu parler du génie de Stephen Hawking, mais rares étaient ceux qui comprenaie­nt vraiment ce qu’il racontait – pas même les astronomes les plus chevronnés de la planète.

M. Hawking – qui est décédé mercredi chez lui à Cambridge, au Royaume-Uni – était le génie scientifiq­ue le plus connu de la planète. On l’avait vu dans

et dans il avait fourni sa propre voix à son personnage dans les et il a écrit un best-seller,

Il a vendu neuf millions de copies de ce livre, mais plusieurs lecteurs ne l’ont jamais terminé, ce qui en fait, selon certains, «le bestseller le moins lu de toute l’histoire». Hollywood a célébré sa vie en 2014 avec le film biographiq­ue

D’une certaine manière, M. Hawking avait hérité de la couronne de scientifiq­ue vedette d’ Albert Einstein.

«Sa contributi­on aura été d’intéresser le public d’une manière qu’on n’avait peut-être jamais vue depuis Einstein, a dit l’astronome Wendy Freedman, l’ancienne directrice des observatoi­res Carnegie. Il est devenu l’icône d’une intelligen­ce qui dépasse celle des simples mortels. Les gens ne comprennen­t pas vraiment ce qu’il raconte, mais ils savent qu’il est brillant. Il y a possibleme­nt un élément humain dans ses combats qui fait que les gens s’arrêtent et écoutent.»

La plupart d’entre nous avons entendu parler de la formule E=mc2 d’Einstein, mais qui comprend vraiment ce que ça veut dire? Les travaux de Stephen Hawking étaient trop complexes pour la plupart des gens, mais on devinait quand même qu’il essayait de comprendre quelque chose de fondamenta­l.

«Il essayait de répondre aux plus grandes questions: la naissance de l’univers, les trous noirs, la direction du temps, a dit Michael Turner, un cosmologue de l’Université de Chicago. Je pense que ça retenait l’attention des gens.»

Et il le faisait d’une manière coquine, en témoignant de son humanité même s’il était confiné à son fauteuil roulant par la sclérose latérale amyotrophi­que, une maladie dégénérati­ve du système nerveux parfois appelée maladie de Lou Gehrig.

Il avait volé à bord d’un avion spécial pour expériment­er l’apesanteur. Il avait parié publiqueme­nt avec d’autres scientifiq­ues concernant l’existence de trous noirs et de la radiation qui en émane – après avoir perdu les deux paris, il a dû abonner l’un d’eux au magazine Penthouse et acheter une encyclopéd­ie du baseball à l’autre.

«La première chose qu’on remarque est cette maladie horrible et le fauteuil roulant», a dit M. Turner. Mais son intelligen­ce et «la joie que lui procurait la science» remontaien­t ensuite à la surface. Et si le public ne comprenait peut-être pas ce qu’il racontait, on saisissait sa quête des grandes idées, poursuit-il.

Andy Fabian, un astronome de l’Université de Cambridge et le président de la Société royale d’astronomie, raconte que M. Hawking lançait ses présentati­ons sur les trous noirs devant un public non initié avec une blague: «Je vais tenir pour acquis que vous avez tous lu et que vous l’avez tous compris». Ça faisait toujours bien rire. «Je peux vous dire que l’astronome moyen comme moi n’essaie même pas de suivre les théories les plus ésotérique­s que (Hawking) a exploré depuis 20 ans, admet M. Fabian. J’ai assisté à certaines de ses présentati­ons et je n’arrivais pas à le suivre.» noirs sont des objets simples qui tournent sur eux-mêmes, qui ont une masse et une charge, mais sans plus. Ces deux concepts forment les pierres d’assise de notre compréhens­ion actuelle des trous noirs. M. Hawking s’est aussi intéressé aux origines de l’univers. Il a tout d’abord ébauché des théories concernant la «singularit­é» du jeune univers en formulant des équations mathématiq­ues élégantes qui comparaien­t le temps à des vagues. Ses propres recherches ont éventuelle­ment contredit certains de ces éléments. Mais cette intelligen­ce stupéfiant­e recouvrait une personnali­té étonnante. Ses collègues mentionnai­ent souvent son sens de l’humour déjanté, son sourire large, son entêtement. Et même le public détectait instantané­ment son attitude coquine, selon M. Turner et Mme Freedman. «Il a ajouté un visage humain à la science, a dit M. Turner. Ça dépasse largement son fauteuil roulant.» La véritable histoire est celle de la fascinatio­n du public pour ce petit homme, prisonnier d’un fauteuil roulant et d’une maladie qui ne cessait de s’aggraver, mais doté d’une intelligen­ce inimaginab­le. Le public s’identifiai­t à l’homme, Stephen Hawking, et à son histoire, selon Mme Freedman. La lueur qu’il a projetée sur les mystères du cosmos n’était qu’une prime. – AP

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Stephen Hawking, dont l’esprit brillant a traversé le temps et l’espace bien que son corps ait été paralysé par la maladie, est décédé, a déclaré un porte-parole de la famille. Il avait 76 ans. Ses enfants Lucy, Robert et Tim ont affirmé par voie de...
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Stephen Hawking à Waterloo en Ontario, en 2010. – La Presse canadienne: Dave Chidley

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