Vivement la démocratie!
Bruno Marquis Gatineau, Qué.
Lorsqu’il nous arrivera un jour de décider ensemble de notre avenir commun, si cela a lieu, nous n’accepterons plus de laisser à quelques-uns d’entre nous une large part des richesses et à d’autres parmi nous aussi, en très grand nombre, uniquement de quoi survivre ou vivre dans l’indigence.
Certains pousseront les hauts cris à la lecture de ce paragraphe, ou pis encore, feindront le mépris. On nous aura tellement appris, pour nous calmer, que la «démocratie représentative» était la démocratie, qu’on a fini par y croire, par intégrer cette grossière tromperie, même dans les sphères progressistes.
Certains, sans même s’arrêter à y penser, nous diront que ce n’est plus possible aujourd’hui, cette vraie démocratie, qu’on est beaucoup trop nombreux. Quelle naïve soumission! D’une part, et c’est l’évidence, la technologie nous le permettrait; d’autre part, et c’est encore plus vrai, la grande majorité des décisions n’ont pas à être prises à grande échelle. On peut bien décider ensemble, dans son patelin, de bâtir une école, de créer de vraies coopératives, de s’entraider, sans pour cela avoir le consentement du monde entier.
Pour l’instant, quand on ne nous parle pas sans fin de ces vrais détenteurs du pouvoir, de ceux qui le possèdent à notre place et nous disent le faire en notre nom, ce sont de ces gens plus que riches, protéger par cette fiction de démocratie – la «démocratie représentative» – dont on nous parle. Et nous regardons impuissants, nous rire au nez, ces Jeff Bezos d’Amazon, l’homme le plus riche du monde selon le magazine Forbes, qui pouvait compter lors de la dernière année sur un revenu de 120 milliards $; ou encore ces patrons des grandes banques, ici, qui ont profité d’une rémunération totalisant environ 53,6 millions $ au cours du dernier exercice financier. Et tous ces autres riches, et toutes ces urgences environnementales, qui nous concernent au plus haut point, pour lesquelles nous ne pouvons rien faire, vidés de nos pouvoirs de citoyens comme nous le sommes!
Je ne fais plus partie depuis longtemps de ceux qui crient «Vive la démocratie!». Je suis plutôt de ceux, plus éclairés, et je n’ai pas peur de le dire, qui crient haut et fort: «Vivement la démocratie!».