«J’AI TELLEMENT SOUFFERT»
RADIOTHÉRAPIE ET CHIMIOTHÉRAPIE INUTILES?
Lorsque Luce-May Haché a reçu un diagnostic de cancer colorectal à la fin des années 1990, la femme de Le Goulet était prête à suivre tous les conseils de ses médecins pour s’en sortir.
Trois mois après avoir subi une chirurgie pour retirer une tumeur cancéreuse de son intestin, les médecins lui ont conseillé de recevoir des traitements intensifs de radiothérapie et de chimiothérapie.
«C’était pour que le cancer ne revienne pas», dit Luce-May Haché, âgée de 67 ans.
Près de 20 ans plus tard, Mme Haché s’en veut toujours d’avoir accepté des traitements sans avoir posé plus de questions aux médecins et sans avoir sollicité l’avis d’autres spécialistes.
Elle ne s’est jamais remis des effets secondaires de la radiothérapie et de la chimiothérapie. Dans son cas, ils sont devenus permanents, dit-elle.
Son état de santé l’ayant obligé à arrêter de travailler, sa situation financière est devenue très précaire.
Parfois, la douleur était tellement pénible qu’elle a déjà songé à mettre fin à ses jours.
«Après les traitements, il n’y a plus rien à faire. J’ai tellement souffert qu’après quatre années de diarrhée constante, j’avais le goût de mourir. Ça fait 20 ans que je fais une vie d’enfer.»
En s’imposant un régime alimentaire stricte, Mme Haché a éventuellement réussi à gérer convenablement ses problèmes intestinaux. Ses menus hebdomadaires se composent de pommes de terre, de viande sans gras, de poisson et d’oeufs bouillis. Elle se permet cependant à l’occasion quelques morceaux de poires et de pêches. Elle prend aussi plusieurs suppléments alimentaires.
La douleur et les brûlures intestinales sont cependant toujours très présentes. Mme Haché prend jusqu’à 240 Tylenol avec codéine par mois.
Au fil des ans, trois autres tumeurs bénignes sont apparues dans ses intestins, l’obligeant de retourner dans la salle d’opération.
«Je ne souhaite pas cette vie à personne.»
UNE ERREUR MÉDICALE?
Luce-May Haché est persuadée qu’elle a été victime d’une erreur médicale, bien que cela n’a jamais encore été prouvée.
«J’ai su par un oncologue de Montréal en 1999 que je n’avais pas besoin de traitements. Il m’a dit que dans mon cas, la chirurgie aurait été suffisante.»
Si la radiothérapie est un moyen efficace pour freiner la croissance et la propagation du cancer, les effets secondaires sont nombreux, surtout lorsque les cellules saines qui se trouvent dans la zone de traitement sont endommagées.
Selon la Société canadienne du cancer, les effets secondaires peuvent commencer à se manifester immédiatement après les traitements ou quelques semaines plus tard. La plupart disparaissent habituellement deux mois après les traitements, mais ils peuvent persister dans certains cas.
«Si les doses de radiation sont assez élevées, certaines cellules pourraient ne pas être en mesure de se réparer. Il est donc possible que des effets secondaires durent longtemps ou soient permanents.»
Mme Haché espère connaître la vérité. Au fil des ans, elle a contacté plusieurs avocats en espérant qu’il en ait qui s’intéresse à son cas. Elle n’a jamais pu trouver une personne de confiance. Un avocat de la région de Bathurst avait accepté de jeter un coup d’oeil à son dossier, mais en fin de compte, les frais juridiques se sont avérés trop élevés.
«Je ne sais pas si je vais y parvenir, mais je me cherche un spécialiste qui pourrait réviser mon rapport de pathologie. C’est mon plus grand souhait. Je ne veux pas mourir sans avoir la vérité écrite sur papier. Je veux trouver quelqu’un qui pourra me guider pour que je puisse me rendre là.»
En août 2014, elle a entamé des démarches devant le Tribunal de la sécurité sociale du Canada. Une décision a été rendue en février 2018 par Jude Samson, membre du tribunal.
«Malheureusement, le Tribunal ne peut fournir des réponses aux questions pour lesquelles elle cherche désespérément des réponses», peut-on lire dans les conclusions.