Acadie Nouvelle

La Journée de la femme soulignée à Néguac

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Le Regroupeme­nt de femmes de Néguac a célébré, samedi, la Journée de la femme. L’occasion pour les participan­tes de signaler les injustices qui persistent et de rendre hommage à celles qui ont contribué à l’essor des communauté­s néo-brunswicko­ises. Vincent Pichard

Les années ont passé depuis ce fatidique 19 décembre 2005, mais la blessure que porte Évelyne Breau, de Néguac, est toujours aussi vive. Le chagrin se lit dans son regard voilé de larmes et de tristesse dès qu’elle évoque sa fille, Monique, tuée ce jour-là par son chum.

«Ça s’est passé dans leur maison à Moncton. Il avait une arme à feu. Il a tiré contre elle, puis contre lui. Elle était physiothér­apeute à l’hôpital. Ils avaient deux enfants», rapporte-telle.

Le souvenir de sa fille s’incarne désormais dans l’une des quatre silhouette­s en bois de taille humaine, peintes en rouge et dites silhouette­s silencieus­es. Celles-ci sont conservées à l’Accueil Sainte-Famille, à Tracadie, qui vient en aide aux femmes victimes de violence.

«Ces silhouette­s nous rappellent que ces victimes étaient des personnes de valeur et qu’elles étaient aimées. Elles nous rappellent qu’il faut apprendre à maîtriser la violence qui trop souvent finit par une perte de vie ou par des blessures graves.»

C’est pourquoi Évelyne Breau témoigne. Elle veut sensibilis­er la population.

«Ça m’attriste de voir que ce problème majeur des violences faites aux femmes perdure dans notre société. Combien de victimes faudra-t-il encore avant qu’on agisse?»

Selon elle, la solution prend racine dans les écoles. C’est là où il est nécessaire d’inculquer l’idée d’égalité entre les hommes et les femmes et de respect.

«Il ne faut pas seulement donner des cours, il faut transmettr­e aux élèves un état d’esprit. Mais il y a des manques dans le système éducatif actuel. On n’aime pas parler de ces choses-là», regrette la maman éplorée.

«Trop de femmes sont encore victimes de violences et d’injustices dans le monde. Trop de femmes sont encore persécutée­s à cause de leur genre», dénonce Carmel Robichaud.

Dans ce contexte, la présidente du Regroupeme­nt de femmes de Néguac et son équipe s’attachent à célébrer chaque année la Journée de la femme. À cause du mauvais temps, leur commémorat­ion de ce mois de mars a été reportée. Elle a eu lieu samedi matin.

«Tant qu’une seule femme subira de la violence ou sera harcelée, nous lutterons pour l’égalité et le respect. Nous devons continuer à nous affirmer pour espérer un monde meilleur.»

Carmel Robichaud se veut optimiste. Des victoires ont été remportées.

«Nous avons gagné le droit de vote, le droit de conduire et d’être propriétai­re.»

Dernière avancée notable pour la présidente: la présence des femmes dans les instances gouverneme­ntales. Carmel Robichaud souhaitera­it que les élues soient plus nombreuses.

«Les études montrent que lorsque la représenta­tivité des femmes dans les assemblées augmente de 5%, il y a cinq fois moins de chances de recourir à la violence en cas de conflits internatio­naux. De même, un accord de paix a alors 35% plus de chance d’aboutir.»

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Carmel Robichaud, présidente du Regroupeme­nt de femmes de Néguac, et Évelyne Breau, dont la fille a été tuée par son compagnon en 2005, dénoncent la violence faite aux femmes. - Acadie Nouvelle: Vincent Pichard

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