ORGANIGRAM OUVRE SES PORTES
Les affaires sont florissantes pour les cultivateurs en blouse blanche d’Organigram. Le producteur de Moncton poursuit sa croissance à l’approche de la légalisation.
L’entreprise a ouvert aux médias les portes de ses nouvelles installations de 135 000 pieds carrés, au 35 promenade English à Moncton. En route pour la visite…
Première impression: les locaux ultramodernes et hautement sécurisés dégagent une forte odeur de marijuana. Nous voici devant l’une des 23 chambres de culture à environnement contrôlé.
Chacune d’entre elles accueille 1560 plants de cannabis, répartis sur trois étages. Dix de ces chambres sont déjà opérationnelles, les 13 autres le seront d’ici la fin mai.
Luminosité, humidité, température, ventilation, engrais, chaque paramètre y est savamment dosé pour reproduire les conditions naturelles dans lesquelles grandissent les différentes variétés.
Organigram est déjà capable de faire pousser 22 000 kilogrammes de marijuana par an, soit approximativement la demande anticipée pour la marijuana récréative au Nouveau-Brunswick.
Le PDG Greg Engel en est convaincu, son entreprise sera prête pour la légalisation qui devrait être chose faite d’ici août.
«On se positionne pour devenir l’un des cinq plus gros producteurs au pays», lance-til.
Une fois les prochains agrandissements terminés vers 2020, la capacité de production s’élèvera à une tonne par année.
«Nous anticipons que l’offre ne sera pas suffisante pour satisfaire la demande dans les premiers mois. Nous allons pouvoir vendre tout ce que nous produisons sur le marché canadien», affirme le PDG.
Les plans d’expansion prévoient l’ajout d’espaces de 350 000 pieds carrés, principalement consacrés aux plantations. Le producteur, qui n’employait que 17 personnes à l’hiver 2016, compte désormais 175 employés dans son équipe. Ce nombre devrait passer entre 350 et 400 d’ici deux ans.
L’entreprise a déjà conclu une entente d’approvisionnement avec les provinces du Nouveau-Brunswick et de l’Île-du-PrinceÉdouard.
«Nous travaillons actuellement avec d’autres juridictions comme l’Ontario et l’Alberta pour en arriver à d’autres ententes dans les prochaines semaines. Nous voyons aussi d’énormes possibilités d’exportation vers le marché européen»», précise Greg Engel.
Le producteur se prépare aussi à la commercialisation de produits dérivés comme les produits comestibles cuisinés à base de marijuana qui seront disponibles sur le marché un an après la légalisation du cannabis séché.
Organigram a d’ailleurs conclu un partenariat avec l’un des gros joueurs de l’industrie au Colorado, Green Solution, pour le développement de ces produits comestibles au Canada.
DE LA POUSSE JUSQU’AU JOINT
Chez Organigram, tous les plants sont reproduits par clonage plutôt qu’à partir des graines pour éviter les anomalies.
Les plants ont ensuite besoin de 14 jours pour développer leurs racines et encore de quelques jours avant d’être transplantés. Ils sont exposés à la lumière artificielle pendant 18 heures par jour pour une croissance accélérée.
Cet éclairage intensif implique une énorme consommation d’énergie: les installations d’Organigram consomment autant d’électricité que… 5000 maisons.
Les plants de cannabis passeront ensuite de huit à dix semaines dans les chambres de culture avant d’être récoltés.
Les fleurs sont séparées du reste pour être pesées, comptabilisées, séchées puis conditionnées pour la vente. La substance sera soit emballée, soit roulée dans des joints prêts à être fumés.
La tige et les racines sont systématiquement éliminées. Les feuilles serviront à la production d’huile de cannabis. Elles sont macérées dans de l’alcool éthylique afin de séparer les cannabinoïdes de la plante.
L’alcool et le surplus d’eau sont ensuite extraits par évaporation pour donner une résine de cannabis épaisse comme de la mélasse.
De l’huile de tournesol biologique est alors ajoutée au produit avant l’embouteillage afin d’obtenir une concentration de 20 mg de THC par millilitre.