«Ce sont les travailleurs qui pourraient donner une formation aux gens du gouvernement»
Le programme d’aide mis en place par le gouvernement pour appuyer les travailleurs saisonniers répond-il aux besoins des principaux concernés? David Caron
Aux yeux de Fernand Thibodeau, un des porte-parole du Comité d’action de l’assurance emploi à la défense des travailleurs et travailleuses saisonniers de la Péninsule acadienne, le gouvernement a raté une occasion en or de régler le problème du «trou noir».
Au lieu d’obliger les travailleurs saisonniers à suivre une formation de 30 heures par semaine pour obtenir des prestations, il aurait fallu simplement augmenter le nombre de semaines d’assurance-emploi, croit M. Thibodeau.
«On a toujours dit au gouvernement que ce n’est pas seulement de la formation qu’on recherche. On veut que les travailleurs saisonniers soient reconnus et respectés. Ce sont des gens vaillants qui travaillent fort et ils méritent leurs prestations jusqu’à ce qu’ils retournent à leur emploi au printemps.»
Sur une note un peu plus positive, ceux qui choisissent de suivre une formation seront un peu moins pénalisés sur le plan financier qu’auparavant, remarque JeanMaurice Landry, l’autre porte-parole du Comité d’action.
«Sous le programme actuel de formation des travailleurs, les gens touchaient un maximum de 350$ par semaine, ce qui représentait environ 35% du maximum des gains assurables. Les gens étaient pénalisés.»
Sous le nouveau programme, les participants peuvent recevoir un montant qui correspond au maximum de leur dernière prestation d’assurance-emploi. Ils peuvent aussi suivre une formation de 30 heures par semaine auprès d’un employeur et recevoir un remboursement du salaire correspondant à 50% du taux horaire, jusqu’à un maximum de 10$ l’heure.
Les deux hommes émettent cependant des réserves quant à l’efficacité des mesures annoncées par le gouvernement.
«Si on force des gens à suivre une formation, est-ce qu’ils vont se sentir bien dans cette situation? Je ne pense pas», lance Fernand Thibodeau.
D’après lui, les travailleurs saisonniers connaissent déjà très bien leur métier.
«Quand ça fait 25 ans, 30 ans et même 40 ans que tu travailles au même endroit, est-ce que t’as vraiment besoin d’une formation pour retourner à ton emploi? D’après moi, ce sont les travailleurs qui pourraient donner une formation aux gens du gouvernement.»
Une manifestation aura lieu mercredi matin à 8h, au centre commercial Le Rond Point, à Tracadie. Les membres du comité d’action entendent faire le point sur le projet pilote du gouvernement avec les travailleurs saisonniers. Ils ont aussi l’intention d’annoncer un autre événement «important» qui sera organisé au cours des prochaines semaines.